Elle est alitée depuis 2010, mais a toute sa tête et vit dans son village natal entourée des siens : née le 22 décembre 1902 selon ses papiers d'identité, la Mahoraise Tava Colo est à bientôt 115 ans la doyenne "légale" des Français, même si l'état civil mahorais est parfois sujet à caution. Tava Colo détrônerait ainsi la dernière des doyennes connues, Honorine Rondello, née en 1903.
Registres incertains. "Je n'avais pas du tout entendu parler d'elle", a reconnu Laurent Toussaint, un féru de statistiques devenu au fil des ans un expert reconnu ès centenaires, mais "c'est possible" qu'elle soit la doyenne. "C'est au moins la doyenne 'légale'", puisque sa carte d'identité l'atteste, "mais est-ce que c'est la doyenne véritable ? Il faudrait voir les actes qui ont permis d'établir sa carte d'identité", explique-t-il.
Car l'état civil de Mayotte est particulier : les premières communes ne sont apparues qu'en 1977 dans l'île. Avant cette date, les registres d'état civil étaient tenus par les cadis (juges musulmans), sur un territoire où la tradition orale prédomine, et la retranscription d'un état civil "coutumier" vers un état civil de droit commun a parfois été compliqué.
"Être respectueux de tous et toujours prendre soin de soi". Loin de ces préoccupations, Tava Colo réside actuellement chez une de ses petites-filles à Passamaïnty, son village natal, situé sur la commune de Mamoudzou. L'aînée des Français, n'est jamais seule puisque ses 9 petits-enfants (nés entre 1949 et 1971), ses 40 arrière-petits-enfants et ses 53 arrière-arrière-petits-enfants viennent régulièrement lui rendre visite. Ses deux filles, qu'elle a eues avec son premier mari, sont aujourd'hui décédées. Quand on demande à la doyenne aux yeux voilés par la cataracte ses secrets de longévité, elle répond simplement "qu'il faut être respectueux de tous, petits et grands, et toujours prendre soin de soi, être très propre".