Nicolas Hulot présente ça comme une "véritable révolution". "Nous annonçons la fin de la vente des voitures à essence et diesel d'ici 2040", a déclaré le ministre de la Transition écologique jeudi, en présentant son "plan climat". "Les conditions sont là. Nos propres constructeurs (automobiles) ont dans leurs cartons de quoi alimenter et incarner cette promesse", a-t-il assuré. Mais cet objectif est-il vraiment réaliste ?
Les constructeurs assurent être prêts. Du côté des constructeurs, en tout cas, on assure que oui. "Les marques tricolores consacrent déjà un tiers de leur budget de recherche au développement des moteurs électriques, hybrides ou hydrogènes", souligne François Roudier, directeur de la communication du Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA), contacté par Europe 1. Selon lui, les constructeurs sont prêts. Renault-Nissan est aujourd'hui le leader mondial de l’électrique et assure également ne pas être effrayé par l’objectif. Idem du côté de PSA, qui travaille à la sortie d'ici deux ans de six véhicules 100% électrique.
Les prix devraient être alignés en 2030. Le vrai défi pour les constructeurs reste le prix. Ces derniers espèrent parvenir à vendre à court terme des voitures électriques à moins de 20.000 euros pour les rendre attractives, alors qu’elles représentent aujourd’hui à peine 1% du marché (et environ 4% pour l’hybride). Mais sur le prix, le défi ne semble pas non plus insurmontable. Grâce aux progrès de la technologie et à l’augmentation de l’offre, rouler en voiture électrique (achat du véhicule et recharge compris) devrait être moins cher qu'avec une automobile à moteur essence à l'horizon 2024, et qu’avec un diesel en 2030, selon une récente étude européenne commandée par le Beuc, l'association européenne de défense des consommateurs.
Seule incertitude : le nombre de bornes. Mais encore faut-il que les infrastructures suivent. En clair, il va falloir un coup d’accélérateurs sur l'installation de bornes électriques. La loi sur la transition énergétique prévoit d'atteindre 7 millions de points de charge en 2030 (bornes sur la voie publique + parkings privés). Avec une telle trajectoire, l’objectif zéro voiture à moteur thermique vendu en 2040 est largement atteignable, selon les différentes études sur la question. Le hic ? Construire une borne électrique coûte cher (environ 150 millions d’euros les 15.000). Et les promesses des pouvoirs publics sont rarement tenues. Sur les 75.000 bornes qui auraient dû être installées sur la voie publique entre 2010 et aujourd’hui, seules 15.000 l’ont été.
Une promesse déjà formulée à l’étranger. La promesse de Nicolas Hulot n’est toutefois pas utopique au regard des objectifs fixés par nos voisins. En Allemagne, en Norvège ou aux Pays-Bas, la vente des véhicules 100% thermiques sera interdite à partir de… 2030, soit 10 ans plus tôt que l’objectif fixé par la France. Idem en Inde, où le gouvernement a annoncé une mesure similaire il y a quelques mois. La France, elle, se donne 23 ans pour atteindre son objectif. Un délai qui laisse le temps de mettre les bouchers doubles du côté des infrastructures. A condition que les différents gouvernements ne se refilent pas la "patate chaude" d’ici à 2040.