Le plan d'urgence présenté mercredi par Stéphane Le Foll n'a visiblement pas convaincu tous les agriculteurs. Jeudi, entre 10.000 et 15.000 éleveurs ont manifesté partout en France, selon la FNSEA, le principal syndicat du secteur, bloquant de nombreuses routes de France. Face à la mobilisation, l’exécutif a tenté de convaincre du bien-fondé de son engagement.
En déplacement à Dijon dans la matinée, François Hollande a défendu le plan d'aide du gouvernement et mis la pression sur la grande distribution, les abatteurs et les transformateurs. Le ministre de l'Agriculture a pour sa part demandé et obtenu la convocation d'un conseil des ministres européen de l'Agriculture en septembre sur la crise de l'élevage.
Une mobilisation qui a commencé à porter ses fruits : en fin de journée jeudi, une grande partie des blocages étaient levés (les détails sur les blocages ici). Le secrétaire général des Jeunes Agriculteurs (JA), Florent Dornier, a toutefois assuré dans la soirée que les éleveurs allaient "maintenir la pression tout l'été" pour obtenir des garanties sur les prix.
Les principales informations à retenir :
- François Hollande, depuis Dijon, a mis la pression sur les abattoirs et la grande distribution.
- Les abattoirs s'engagent à augmenter les prix... "dans la limite" de leurs moyens.
- La situation s'éclaircit sur les routes mais certains s'engagent à "maintenir la pression tout l'été"
- Stéphane Le Foll a obtenu la convocation d'un conseil des ministres européen de l'Agriculture
Hollande veut plus de viande française dans les cantines. François Hollande s'est entretenu jeudi matin à Dijon avec plusieurs représentants des éleveurs. Il a appelé la grande distribution à produire "l'effort indispensable" et les abatteurs et transformateurs à "rendre des comptes" pour aboutir à une hausse des prix de la viande et du lait.
François Hollande est également revenu sur l'annonce par Manuel Valls de la généralisation de l'approvisionnement local pour la restauration collective de l'Etat. "Il y a encore dans les cantines deux tiers de l'approvisionnement qui ne vient pas de France. Il s'agit de respecter les règles européennes mais aussi de faire en sorte qu'il puisse y avoir des approvisionnement qui soutiennent la filière animale, c'est-à-dire les agriculteurs de France". "Des actions seront immédiatement engagées", via notamment des "révisions de clauses", a indiqué le chef de l'Etat.
Pour encourager les exportations, le président de la République a annoncé que les ministres actuellement en déplacement en Turquie et en Grèce prendraient en charge ce dossier. Lui-même abordera le sujet lors d'un prochain voyage en Chine.
Le Foll veut un conseil des ministres européen à la rentrée. Les représentants des producteurs laitiers devaient être reçus jeudi à 18 heures par le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, avant le grand rendez-vous de filière - producteurs, industriels et distributeurs - vendredi matin, à l'image de la réunion de la filière bovine qui s'était tenue le 17 juin. Il s'agira d'examiner "la situation des marchés et le prix du lait", particulièrement malmené avec la fin des quotas de production européens le 1er avril, indique le ministère dans un communiqué.
Le ministre de l'Agriculture a par ailleurs demandé et obtenu la convocation d'un conseil des ministres européen de l'Agriculture en septembre sur la crise de l'élevage, ont indiqué jeudi ses services. "La plupart des pays connaissent une situation de tension sur le lait", a ajouté le ministère.
Pour la FNSEA, des mesures seulement "de court terme". Xavier Beulin, président de la FNSEA, invité d'Europe 1 jeudi matin, a pris "acte" des mesures proposées par le gouvernement mercredi mais il souligne qu'il s'agit surtout des mesures "de court terme" et "de trésorerie". De quoi "passer les semaines qui viennent" et pas de quoi relever le monde de l'élevage "en grande difficulté", estime-t-il. Xavier Beulin préférerait aborder des questions "de moyen terme" : la "compétitivité", la "contractualisation" au sein de la filière et la "restructuration des dettes" des éleveurs.
Les abattoirs promettent d'augmenter les prix, mais... Le président du Syndicat national des industries de la viande (Sniv), Pierre Halliez, a assuré que les abattoirs continueront d'augmenter les prix payés aux éleveurs, mais "dans la limite" de leurs moyens. "Le Sniv s'engage à respecter l'accord dans la dynamique" fixée le 17 juin au ministère de l'Agriculture, mais "seulement dans la limite de ce que l'on est capables de répercuter" sur le prix de revente des carcasses, a-t-il déclaré.
Levée des blocages à Lyon et en Normandie. Les éleveurs ont commencé à lever les quatre blocages autour de Lyon vers 16 heures, pour converger ensuite vers le quartier de la Confluence dans le centre-ville pour un "meeting" en fin d'après-midi avec le président de la FNSEA, Xavier Beulin. Les principaux accès à Lyon étaient bloqués depuis jeudi matin (les détails sur tous les blocages ici) (A6, A42, A7, tunnel de Fourvière) par des éleveurs de la région Rhône-Alpes.
Par ailleurs, les barrages bloquant le pont de Normandie, celui de Tancarville et celui de Brotonne, qui permettent de traverser la Seine entre Rouen et la mer, ont été levés par les éleveurs. "La circulation a repris normalement, mais le nettoyage de la chaussée est en cours", selon la préfecture de Haute-Normandie.
Le secrétaire général des Jeunes Agriculteurs (JA), Florent Dornier, a pour sa part assuré jeudi aux éleveurs mobilisés à Lyon qu'ils allaient "maintenir la pression tout l'été" pour obtenir des garanties sur les prix. "Dès aujourd'hui, nous mettons sous surveillance les enseignes", a renchéri à ses côtés le président de la FNSEA, Xavier Beulin, selon lequel 10.000 à 15.000 agriculteurs étaient mobilisés ce jeudi sur les barrages routiers et les opérations coup-de-poing organisés à travers le pays.