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Un mois après les attentats du 13 novembre, Benoît, rescapé de l'attaque du Bataclan, et Raphaël Enthoven, philosophe, ont donné leur point de vue sur Europe 1.

S'il devait y avoir une "Génération Bataclan", Benoît pourrait en être l'un des premiers représentants. 23 ans, fan de rock, ce Nîmois fait partie des rescapés de la tuerie du 13 novembre dans la salle de concert parisienne… Et il rejette l'idée de faire partie d'une "génération Bataclan". "Je ne comprends pas", lâchait-il vendredi sur Europe 1. "Ça sonne comme si quelqu'un essayait de coller une étiquette sur ce qui s'est passé. C'est un concept creux."

Après "Je suis Charlie", la "génération Bataclan". Pour Benoît, "déjà, il n'y avait pas qu'une seule génération dans la salle de concert. Le public était extrêmement varié, les gens avaient de 20 à 50 ans." Le philosophe Raphaël Enthoven, qui participait au débat animé par Marion Ruggieri, le rejoint sur ce point : "Si on donne au terme génération une sorte d'échelle chronologique, les gens entre 25 et 40 ans ou entre 20 et 40 ans, on est dans un jeu d'étiquettes."

Pour autant, Raphaël Enthoven établit sa propre définition de la "génération Bataclan" : "Là où l'expression de 'génération Bataclan' a un sens, c'est dans la mesure où "Je suis Charlie" a un sens. Parler de 'Génération Bataclan', c'est parler de tous ceux qui se sont sentis visés par ce genre de tragédie, qui l'ont, à leur manière, vécu."

"Ce n'est pas une classe d'âge." L'idée d'une "génération Bataclan" est immédiatement apparue dans l'émotion de l'après-attentat. Le hashtag s'est rapidement répandu, Libération en a fait une Une et l'expression a fait florès. Une association s'est créée à son nom (http://www.generationbataclan.fr/). Elle est animée par… des quadragénaires, de 20 ans les aînés de Benoît. " La génération Bataclan c'est l'ensemble des gens qui étaient les témoins effarés de ce qui s'est passé le 13 novembre", reprend Raphaël Enthoven. "Ce n'est pas une classe d'âge."

Parmi ces "témoins effarés", certains ont voté pour le Front national lors des élections régionales. "Les attentats ont pu engendrer une vague islamophobe qui a été amplifiée par l'abstention", regrette Benoît. Lui-même n'est pas allé voter et n'est pas sûr de trouver un candidat qui lui corresponde en 2017. En attendant, il compte retourner en concert. Le plus vite possible. C'est sa façon d'appartenir à la "génération Bataclan".