"Les femmes jouissent d'abord par l'oreille", écrivait Marguerite Duras pour vanter le pouvoir érotique des mots. Il semblerait non seulement que les hommes soient concernés, mais aussi que, parfois, l'œil suffise. Selon une récente étude OpinionWay, en effet, plus d'un Français sur deux a déjà lu un ouvrage de littérature érotique, avec ou sans image.
Les seniors particulièrement assidus. Les hommes sont plus amateurs de romans torrides, bandes dessinées équivoques ou poèmes grivois, puisque 54% d'entre eux en ont déjà consommé, contre 48% des femmes. Par ailleurs, 33% en ont déjà acheté, quand ce n'est le cas que d'une femme sur quatre. Si le succès de la série 50 shades of Grey a permis de populariser l'expression "mommy porn", pour désigner la littérature érotique à destination des quadra ou quinquagénaires, il faudrait mieux parler de "mamie" ou "papy porn". En effet, les plus de 65 ans sont les plus assidus. Près des deux-tiers d'entre eux (65%) ont déjà posé leurs yeux sur ce genre d'ouvrage, contre 44% des 18-24 ans.
Préférence pour l'imprimé. Des chiffres que les éditions La Bourdonnaye, commanditaires de l'étude, expliquent par une moindre exposition aux images. Les seniors, "moins impactés par le développement des supports vidéo érotiques, semblent avoir une affinité plus forte avec le support papier", notent-ils. Support qui est d'ailleurs largement préféré par les amateurs de littérature érotique. Seules 13% des personnes en ayant déjà lu ont opté pour des formats numériques.
Plaisir solitaire et caché. Autre enseignement de l'étude : la littérature coquine est un plaisir majoritairement solitaire. Près de huit sondés sur dix lisent seuls ; un quart seulement s'est déjà adonné à cette activité avec son conjoint. Pas question non plus d'organiser des ateliers collectifs. Seul 1% des amateurs de littérature érotique lit "avec un groupe de partenaires". Les ouvrages osés se partagent également moins facilement que le dernier prix Goncourt. Plus de 80% des lecteurs n'en ont jamais offert, ni prêté, ni même conseillé à un(e) ami(e). Il n'est donc pas surprenant qu'ils préfèrent parcourir un livre érotique chez eux, dans leur chambre (69%) ou leur salon (44%) plutôt que dans les jardins publics (3%) ou les transports en commun (2%).
Lectures inspirantes. Reste maintenant à savoir si le plaisir des yeux conduit parfois au plaisir tout court. Parmi les amateurs, 52% confient que la lecture les a déjà inspirés et conduits à faire l'amour avec leur conjoint. Ils sont également 37% à s'être masturbé après avoir parcouru des ouvrages coquins. Et si lire un livre érotique est, on l'a vu, une activité solitaire, cette lecture a déjà débouché sur une sexualité de groupe pour 7% des Français. Un taux qui grimpe à 16% chez les 18-34 ans.