La "médaille de reconnaissance aux victimes du terrorisme", créée après l'émotion des attentats contre Charlie Hebdo et ceux du 13-Novembre, va désormais pouvoir rendre hommage à toutes les victimes d'attentats depuis 1974, a annoncé dimanche la Chancellerie de la Légion d'honneur.
Auparavant limité à 2006. Dans un décret paru au Journal officiel, elle explique que cette distinction "s'applique aux actes terroristes survenus depuis le 1er janvier 1974", effaçant ainsi la date de 2006 initialement choisie lors sa création. "C'est une bonne nouvelle, nous avons été entendus", s'est réjoui Guillaume Denoix de Saint Marc, président de l'Association française des victimes du terrorisme (AFVT). "Les victimes anciennes des attentats des années 70 et 80 n'avaient eu aucune forme de reconnaissance ou de soutien avant la création des cellules médico-psychologiques en 1986."
Au Journal officiel de ce 10 mars, la médaille nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme est décernée, à compter du 1er janvier 1974, au lieu du 1er janvier 2006. Pourquoi cet effet rétroactif de 32 années ??https://t.co/shJAvCdu2P@florence_parly@gdarrieussecqpic.twitter.com/FVdiLP8Fqv
— Jean-Pierre PAKULA (@J2PDEF) March 10, 2019
Jusqu'à l'attentat du Drugstore Saint-Germain à Paris. Permet de prendre en compte les victimes de l’attentat du Drugstore de Saint-Germain en septembre 1974. La date butoir de 1974 n'a pas été choisie par hasard : elle permet de remonter jusqu'à l'attentat du Drugstore Saint-Germain à Paris, lors duquel Carlos avait tué deux personnes à l'aide d'une grenade en septembre de cette année-là. Il s'agit du "premier attentat meurtrier commis en France après les guerres d'indépendance", a rappelé Guillaume Denoix de Saint Marc, pour expliquer ce choix.
'extension de la période concernée par cette récompense permet aussi d'envisager de décorer les victimes de la vague d'attentats perpétrés à Paris dans les années 1980, rue des Rosiers, rue de Copernic ou encore rue de Rennes. Tout comme celles des attentats commis par le GIA (Groupe islamique armé) en 1995 dans le RER B et à Villeurbanne.
Une médaille qui avait suscité une polémique. Composée d'une fleur à cinq pétales marqués de raies blanches intercalées de feuilles d'olivier, suspendue à un ruban blanc, cette médaille a vocation à rendre hommage aux victimes, tandis que la Légion d'honneur récompense les services rendus à la Nation. Sa création en 2016, soutenue par l'AFVT, avait suscité une polémique : d'autres associations de victimes s'étaient interrogées sur son utilité et les anciens combattants avaient exprimé leur colère, non sur le principe, mais sur le rang donné à cette distinction, qui "arrive juste après l'Ordre national du mérite et devant les Croix de guerre".
La médaille nationale de reconnaissance est obligatoirement demandée par la victime ou, si elle est décédée, par sa famille. Pour prétendre à cette distinction, il faut être reconnu comme victime du terrorisme soit par le parquet de Paris, soit par le fonds de garantie des victimes, ou figurer sur la liste partagée des victimes du terrorisme tenue par la ministère de la Justice.