La philosophe, féministe et militante de la laïcité, appelle notamment au "boycott des marques vestimentaires qui veulent vendre la tenue islamique".
"Une partie de la gauche a baissé la garde devant le communautarisme." Mais pas Elisabeth Badinter. Dans un long entretien au Monde, prolongé par des propos tenus pour l'AFP, la philosophe décrit samedi une "montée de la pression islamique" et la difficulté qu'elle, militante de la laïcité, éprouve au moment de la dénoncer : "Lorsqu'on soutient les filles qui portent le voile sous cette pression, on est considéré comme 'islamophobe'."
Face aux "islamo-gauchistes", "je persiste et je signe". "Il ne faut pas avoir peur d'être traité d'islamophobe", expliquait déjà Elisabeth Badinter en début d'année. Elle réitère cette invitation : "Taxer d'islamophobie ceux qui ont le courage de dire : 'Nous voulons que les lois de la République s'appliquent à tous et d'abord à toutes' est une infamie. Pour ma part, je persiste et je signe."
Pour la philosophe féministe, "la plupart des Français sont tétanisés par l'accusation d'islamophobie (…), une arme que les islamo-gauchistes ont offerte aux extrémistes." Elle vante au contraire une "troisième voie" qui "refuse d'acheter la paix sociale par le communautarisme et la reconnaissance du primat du religieux sur le politique. Mais cette troisième voie ne peut se réduire à des rappels à la loi et des interdictions. Elle doit s'accompagner d'un souci des plus démunis".
Boycott. Elisabeth Badinter soutient la ministre des Droits des femmes Laurence Rossignol, interpellée pour son parallèle entre les femmes voilées et les "nègres" favorables à l'esclavage. "La ministre a eu un mot malheureux en parlant de 'nègres', mais elle a parfaitement raison sur le fond." Et la féministe d'appeler au "boycott" des marques qui lancent des articles de mode islamique.
Pour Elisabeth Badinter, il est "définitivement" incompatible de se dire féministe et de défendre le port du voile. "Quant aux 'féministes islamiques', elles oublient qu'en guise d'égalité, elles doivent rester à la maison, que l'héritage est divisé par deux dans les pays musulmans et la polygamie admise dans le Coran dont elles se réclament."