Ils estiment qu'il y a le feu au lac. Les pharmaciens vont se mobiliser ces prochaines heures et ces prochains jours pour demander une meilleure rétribution de leur activité. "Il en va de l'avenir du réseau des officines à travers tout le territoire", alertent ceux qui craignent une dérégulation grandissante, la fin de leur monopole de compétences au profit des grandes enseignes. Les syndicats ont déposé des préavis pour la grève des gardes de nuit ce week-end, et une mobilisation générale où les pharmacies seront fermées le 30 mai.
>> LIRE AUSSI - Doublement de la franchise médicale : dans une pharmacie de Paris, la pilule ne passe pas
La crainte de la perte d'un monopole
À Rennes, Noëlle Davoust, gérante d'une officine de quartier, est l'une de celles et ceux qui portent la mobilisation pour le syndicat des pharmaciens USPO (Union des syndicats de pharmaciens d’officine). Elle invite ses clients à signer une pétition en ce sens. Une clientèle d'habitués qui viennent dans son établissement depuis des décennies, mais plus pour longtemps, prévient-elle. "Il y a une urgence politique, un projet de proposition de loi qui cherche à casser notre monopole", pointe-t-elle du doigt sur Europe 1.
Selon la gérante, "cela veut dire que l'on pourra commander des médicaments en ligne indépendamment d'une officine. On voit, dans le champ du viseur, tout simplement Amazon". "La pharmacie de proximité va disparaître pour des intérêts économiques et au détriment de la santé du patient", alerte Noëlle Davoust.
"Un temps administratif de plus en plus lourd"
Son associé Quentin Ginisty acquiesce, égrenant de nouvelles prérogatives mal rémunérées, à l'image de la vaccination, du dépistage Covid, et cette recherche incessante de médicaments en pleine pénurie. "On a un temps administratif qui pèse de plus en plus lourd, qui nous fait perdre du temps par rapport à la prise en charge des patients", dénonce-t-il, "dans un contexte aussi de baisse de prix des médicaments", ajoute le pharmacien. Tout cela fait que la rémunération de la profession "s'amenuise", selon lui.
La menace des déserts pharmaceutiques est réelle, insistent-ils, pour justifier une grève dont la dernière remonte à dix ans.