La pièce met en scène, avec humour, trois jeunes belge, apprentis djihadistes, qui veulent partir en Syrie. La comédie "Djihad", de l'auteur belge d'origine marocaine Ismael Saidi, a été donnée vendredi devant 200 lycéens, pour la première fois en France après les attentats du 13 novembre. À Trappes, en banlieue parisienne, d'où une cinquantaine de jeunes sont partis en Syrie l'année dernière (pour le résumé de la pièce, c'est par ici). "L'accueil était fantastique", se réjouit Ismael Saidi, invité samedi d'Europe 1.
"Marginalisation" plutôt que "radicalisation". "Le rire est salvateur. Lorsqu'on arrive à faire rire les gens des mêmes choses, on rassemble les gens. Cela permet de dédramatiser le drame", commente l'auteur. La pièce tend à montrer les causes de l'embrigadement des jeunes apprentis terroristes. A l'inverse de Manuel Valls, Ismael Saidi ne pense pas "qu'expliquer", c'est "justifier". Ismael Saidi préfère d'ailleurs le terme "marginalisation" à celui de "radicalisation". "La pièce souligne la dimension sociétal : l'existence de ghettos où les jeunes ont grandi, ensemble, dans les mêmes endroits, enfermés entre eux, avec cette effet miroir qui donne l'impression que les autres ont tort".
"La pièce pointe un racisme phénoménal". L'auteur insiste toutefois sur une chose : cette dimension sociétale n'est pas la seule cause de cette "marginalisation". Ismael Saidi renvoie aussi les "communautés musulmanes" devant leurs propres responsabilités. "Parler de la dimension sociétale n'est pas suffisante. La pièce condamne aussi la pression que les communautés musulmanes mettent sur leurs propres adeptes. Les trois gars de la pièce, s'ils se marginalisent, s'ils se radicalisent, c'est parce qu'au sein même de la communauté, on leur a interdit des choses", analyse l'auteur. Et d'enchaîner : "la pièce raconte l'histoire de Reda, amoureux de Valérie. Leur histoire dure depuis dix ans. Et un jour sa mère lui dit : 'Valérie, c'est juste pour t'amuser, il faut que tu trouves une femme musulmane'. C'est un racisme phénoménal, dont on ne parle pas souvent : le racisme de musulmans envers les non musulmans".
"Les raisons de l'embrigadement sont foireuses". Du début à la fin, la pièce s'emploie à passer des messages, significatifs, pédagogiques. L'idée est d'expliquer au public, notamment aux plus jeunes, que les djihadistes se trompent. Et que le choc est violent pour ceux qui s'en rendent compte trop tard. En fin de parcours, en Syrie, "les trois gars se rendent compte qu'ils sont Belges ou Français. Que chez eux, c'est ici, et que les raisons qui ont poussées à leur embrigadement étaient foireuses".