C’était une promesse de campagne du candidat François Hollande en 2012. Une promesse donc restée lettre morte. C’est aussi un sujet sensible sur lequel Emmanuel Macron voudrait bien ne pas trébucher. Alors que le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) rend son avis mardi, quel est le problème avec la PMA (procréation médicalement assistée) ?
PMA, une pratique très encadrée. Le comité d'éthique doit dire si toutes les femmes ont droit à une aide médicale pour faire un enfant. Actuellement en France, la pratique est extrêmement encadrée. Seules les femmes hétérosexuelles, en couple, depuis au moins deux ans et qui ont des problèmes d'infertilité ont droit à cette aide. Et elles peuvent en bénéficier jusqu'à 43 ans. Et par aide médicale, il faut entendre don de sperme, insémination artificielle ou fécondation in vitro.
Le CNCE doit donc se positionner sur la possibilité, pour les couples de femmes, de recourir à cette PMA. Et plus largement encore, les femmes célibataires auront-elles également le droit d’être aidées médicalement ?
Les couples de femmes vont en Belgique ou en Espagne. De fait, certains couples de femmes ont déjà des enfants en France. Elles partent se faire aider en Belgique ou en Espagne, là où elles ont accès légalement à la PMA. Mais c'est réservé seulement à celles qui ont du temps et de l'argent. "Je pense que ça nous a coûté entre 20 et 30.000 euros. On n’a pas énormément de moyens, donc ce n’était pas facile. Il faut limite faire un crédit, faire hyper attention à tout le reste. On mettait toutes nos économies dedans", raconte Valérie, maman d'une petite Romy conçue par PMA en Espagne.
Valérie raconte aussi la nécessité d’avoir un médecin compréhensif. "Surtout, il faut avoir un médecin complaisant qui veut bien vous donner des ordonnances pour tous les traitements", explique-t-elle. "Il faut acheter des billets, il faut prévoir des hôtels. Voilà, c’est tout ce genre d’aléas".
Macron favorable à l’extension de la PMA. Pendant la campagne, le candidat d’En Marche s'est dit favorable à l'ouverture de la PMA non seulement aux couples de lesbiennes mais aussi aux femmes célibataires. Il sera donc obligé de prendre position après l'avis du Comité d'éthique. Et sans doute de changer la loi, soit tout de suite, dès le mois de septembre, soit l'année prochaine, dans le cadre de la révision des lois de bioéthique.
Le plus important dans ce dossier, c'est de ne rien précipiter. Et pour cause, la Manif pour tous se tient en embuscade. "L’injustice dont je parlais, le fait d’être privé de père, elle est très, très grave, elle est très profonde", assure la présidente du mouvement Ludivine de la Rochère. "Je suis donc convaincue que les Français ne l’accepteraient pas et nos sympathisants sont tout à fait prêts à se mobiliser, à agir, à intervenir s’il le fallait." Le président Macron devra avancer prudemment sur ce dossier pour ne pas renvoyer la Manif pour tous dans la rue.