La population d'animaux sauvages s'est réduite de 60% en 40 ans

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Laure Dautriche, édité par Grégoire Duhourcau , modifié à
Le WWF publie mardi son dernier rapport "Planète vivante". Et le constat est terrible : depuis les années 1970, la Terre a perdu 60% de ses populations d'animaux sauvages.

Imaginez une ville qui aurait perdu plus de la moitié de ses habitants depuis les années 1970. C'est le terrible constat que fait le WWF à l'échelle de la Terre, mardi, concernant la population d'animaux sauvages. D'après l'ONG, 60% du nombre d'animaux sauvages de la planète (poissons, oiseaux, mammifères et reptiles) ont disparu en 40 ans ! Le déclin des animaux d'eau douce atteint même 83%, sous le coup de la surexploitation, parfois involontaire comme pour les dauphins de rivière (prises accidentelles en filets), et de la perte des habitats. Et à en croire ce rapport "Planète vivante" qui paraît mardi, cela s'aggrave encore ces dernières années.

La population d'animaux sauvages s'est réduite de 60% en 40 ans

Extinction de masse en cours. Dans l'ensemble, les populations d'animaux disparaissent de plus en plus vite. L'index d'extinction montre une très forte accélération pour cinq grands groupes: oiseaux, mammifères, amphibiens, coraux et cycadales, une famille de plantes anciennes. Le taux d'extinction des espèces est de 100 à 1.000 fois supérieur à ce qu'il était il y a seulement quelques siècles, avant que les activités humaines commencent à altérer la biologie et la chimie terrestres. Ce qui, pour les scientifiques, signifie qu'une extinction de masse est en cours, la 6e seulement en 500 millions d'années. Il existe même des espèces qui s'éteignent avant même que nous les ayons découvertes.

Trois éléphants disparaissent chaque heure à cause du braconnage. Les causes sont multiples, allant de l'urbanisation à la pollution, en passant par la déforestation. Au total, 4.000 espèces de mammifères, reptiles, insectes, etc. ont été analysées. Les chiffres sont particulièrement alarmants, notamment concernant le braconnage, responsable selon le WWF, de la disparition de trois éléphants chaque heure sur la planète, trois rhinocéros par jour et deux tigres par semaine. Entre 2009 et 2014, la population d'éléphants dans la zone de Selous-Mikumi, en Tanzanie, a diminué de 66%. En prenant les chiffres depuis 1976, l'espèce a subi un déclin de 86%.

 

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-89% de faune en 44 ans pour la zone Caraïbe/Amérique du sud. Le déclin de la faune concerne tout le globe, avec des régions particulièrement affectées, comme les Tropiques. La zone Caraïbe/Amérique du sud affiche un bilan "effrayant" : -89% en 44 ans. L'Amérique du nord et le Groënland s'en sortent un peu mieux, avec une faune à -23%. La vaste zone Europe, Afrique du nord et Moyen-Orient est à -31%.

"L'humanité est en train de coloniser l'ensemble de la planète." "Ça s'accélère parce que c'est un cercle vicieux qui s'est enclenché et le dérèglement climatique ajoute aux menaces historiques. L'humanité est en train de coloniser l'ensemble de la planète. Il y a aujourd'hui moins de 20% des terres qui sont vierges de l'activité humaine. Et les projections nous amènent dans quelques années à moins de 10%", confie Pascal Canfin, directeur français du WWF, au micro d'Europe 1.

920.000 km2 de forêts intactes en moins entre 2000 et 2014. Près de 20% de la forêt amazonienne, la plus grande du monde, a disparu en 50 ans. Dans le monde, les forêts tropicales continuent de reculer, principalement sous la pression des industries du soja, de l'huile de palme et de l'élevage. Entre 2000 et 2014, le monde a perdu 920.000 km2 de forêts intactes, une surface quasi égale à la France et l'Allemagne réunies. Selon des données satellitaires, ce rythme a crû de 20% de 2014 à 2016 par rapport aux 15 ans précédents.

Lorsqu'on la laisse faire, la nature reprend ses droits. Pourtant, la nature nous rend énormément de services gratuitement, comme la rappelle le WWF. Par exemple, les mangroves captent cinq fois plus de carbone que les forêts. La bonne nouvelle, selon les experts, c'est que lorsque l'on laisse la nature faire, elle repart d'elle-même. Dans la Loire par exemple, les saumons avaient quasiment disparus avant que l'on décide finalement de les protéger. Aujourd'hui, ils sont sept fois plus nombreux.