Plus que deux rentrées pour mettre en œuvre les réformes éducatives avant l'élection présidentielle : septembre 2015 sonne notamment le lancement des nouveaux programmes de maternelle. La maternelle devient un cycle à part entière et non plus à cheval avec l'école élémentaire. La grande section n'est donc plus un "petit CP". Priorité est donnée au langage, à la socialisation et au jeu.
Donner le goût de l’école. Les instituteurs les plus expérimentés le diront : le but des premières années d’école est de donner aux enfants le goût de l’école. Un objectif difficile à atteindre pour certains enfants mais qui sera au cœur des nouveaux programmes. La consigne principale est de perdre cette mauvaise habitude qui consiste à faire de la grande section de maternelle un "petit CP".
Ne pas leur apprendre à lire et écrire à tout prix. Il va donc falloir que les enfants passent moins d’heure assis derrière un bureau, un papier et un crayon à la main. L’idée est d’arrêter de faire la course à la lecture. Selon les experts, cette volonté d’apprendre à l’élève à lire et écrire le plus tôt possible, place certains d’entre-deux en situation d’échec, et ce dès la maternelle.
De la pédagogie et des jeux. Ces nouveaux programmes devraient donc insister sur l’acquisition du langage et en particulier une bonne expression orale. Il aura également davantage d’exercice physique pour les jeunes élèves. Des moments consacrés à la découverte du monde devraient voir aussi le jour sous forme d’ateliers ou de jeux.
Des enseignants mal préparés ? Ces programmes sont assez consensuels, mais le premier syndicat du primaire craint qu'ils restent lettre morte faute de formation des enseignants et faute de documents nécessaires à leur application. Pour Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUIPP-FSU, premier syndicat du primaire, il y a "un retard à l'allumage". Tout en soulignant "la qualité" de ces nouveaux programmes, il déplore qu'ils "n'aient pas été envoyés dans les écoles en version papier". "Est-ce que vous connaissez des métiers où, quand on change le protocole, il n'y a pas d'informations ni de formation continue ?", interpelle le responsable syndical. Sur le site internet Eduscol censé fournir "des ressources pédagogiques" aux personnels de l'Éducation nationale, "il n'y a toujours rien", ajoute Sébastien Sihr qui invite la ministre Najat Vallaud-Belkacem à "prendre à bras-le-corps la question de la formation continue".
Le ministère de l’Education assure pour sa part que ces enseignants disposeront de ressources pédagogiques quelques jours avant la rentrée et "seront tout à fait aptes" à les mettre en œuvre, rappelant que ces programmes sont connus depuis plusieurs mois.