Le chef de l'Etat, plusieurs membres de son gouvernement, les présidents des deux chambres, des ténors de l'opposition... La République était réunie mercredi à la cathédrale Notre-Dame de Paris, cœur du catholicisme français, en hommage au prêtre assassiné dans son église à Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen. François Hollande et l'archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois ont même été applaudis par l'assistance en remontant la nef de la cathédrale Notre-Dame de Paris à l'issue de la messe . Les deux hommes ont quitté la cathédrale côte à côte, sous les applaudissements, alors qu'un fidèle faisait flotter un drapeau français dans la nef.
Sarkozy, Giscard d'Estaing, Fillon, Philippot... Dans les premiers rangs de l'imposante nef, remplie par quelque 1.500 personnes, avaient auparavant pris place le président François Hollande, son Premier ministre Manuel Valls, les anciens chefs de l'Etat Nicolas Sarkozy et Valéry Giscard d'Estaing. Les ministres Bernard Cazeneuve (Intérieur, chargé des cultes) et Najat Vallaud-Belkacem (Education nationale), les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat, Claude Bartolone et Gérard Larcher, étaient présents, de même que de très nombreuses personnalités politiques, tels François Fillon, Bruno Le Maire (Les Républicains) et Florian Philippot (FN), ainsi que des représentants des différents cultes, notamment musulman, juif et protestant.
"Délivre-moi des criminels". "Seigneur, rassemble-nous dans la paix de ton amour", a exhorté le chant d'entrée de cette messe présidée par le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris. Cette eucharistie était concélébrée notamment par Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, dont un prêtre, le père Jacques Hamel, 86 ans, a été égorgé mardi dans son église près de Rouen par deux djihadistes. "Délivre-moi des hommes criminels, des meurtriers, sauve-moi", implore le Psaume 58, chanté plus tard par la Maîtrise de Notre-Dame de Paris.
Dans son homélie suivant la lecture de l'Evangile, le cardinal Vingt-Trois a lancé : "Ceux qui se drapent dans les atours de la religion pour masquer leur projet mortifère, ceux qui veulent nous annoncer un Dieu de la mort, un moloch qui se réjouirait de la mort de l'homme et qui promettrait le paradis à ceux qui tuent en l'invoquant, ceux-là ne peuvent pas espérer que l'homme cède à leur mirage".
"Je suis ému". Parmi les fidèles, qui continuaient à entrer dans l'édifice alors que la célébration avait commencé, Mathilde, 36 ans, est venue pour "montrer qu'on n'a pas peur". "Il faut qu'on affirme notre foi. Nous on peut aller à la messe, il y a beaucoup de chrétiens dans le monde qui n'ont pas cette chance", confie-t-elle. Marina Dugueperoux, une cadre de 53 ans, s'est échappée de son travail pour assister à cet hommage, "par solidarité".
Sur le parvis, parmi la foule qui attend derrière un deuxième barrage, Eric Heitz, 48 ans, tient une photo du prêtre assassiné, sur laquelle est écrit "martyr", et agite un drapeau français. "Je suis très ému, et surtout très indigné. Je suis quelqu'un de pacifique donc je suis venu exprimer mon indignation pacifiquement. Il faut se réveiller", estime-t-il. "Ce drapeau, il a défilé après le 13 novembre, il a défilé en janvier pour Charlie. Avant, c'était surtout un drapeau pour la Coupe du monde, c'était un drapeau festif. Aujourd'hui c'est un drapeau endeuillé".