La SNCF veut calmer la polémique. Elle s'est défendue mercredi de faire voyager les migrants gratuitement sur ses lignes, deux jours après un début de gronde du côté des mouvements d'extrême-droite sur les réseaux sociaux. Deux notes internes à l'entreprise datant de début octobre demandent aux agents, "si les conditions le permettent", d'accorder "des réservations à 0 euros" quand ils rencontrent des groupes de migrants. Une procédure marginale, a indiqué la SNCF puisque depuis sa mise en place le 26 septembre dernier, elle n'a été utilisé que quatre fois.
"Les clients réguliers", pas pénalisés. Ces consignes apparaissent dans deux documents internes, l'un dans le bulletin d'octobre de la communication professionnelle de la direction des trains et l'autre datant du 5 octobre émise localement par la SNCF de Boulogne-sur-Mer. Le premier rend possible l'émission de réservation "à 0 euro" afin de "faciliter le placement d'un groupe à bord du train". Le deuxième, une note de service, annonce la mise en place d'"une procédure exceptionnelle permettant de faire réaliser une réservation de places, pour un groupe, (...), sans pénaliser les clients réguliers, de préférence en seconde classe".
La cause de cette mesure ? "La crise migratoire" indique la note de service de Boulogne", "un phénomène migratoire sans précédent (...) actuellement à bord des trains" rapporte la communication professionnelle.
Marion Maréchal-Le Pen offusquée. Pour les mouvements identitaires et les responsables politiques d'extrême-droite, l'initiative de la SNCF est un scandale. "Les autres avant les nôtres : pour les migrants, le train, c'est gratuit!", a tweeté mardi la députée du Front National, Marion Maréchal-Le Pen. Robert Ménard, maire de Béziers, s'est pour sa part demandé dans un message "et pourquoi pas le restaurant offert à vie ?".
"Préserver le confort des autres voyageurs". Mercredi, la SNCF a voulu se défendre en revendiquant plutôt des consignes d'"humanité". "Il n'y a pas de billets gratuits" pour les migrants, a déclaré Christophe Piednoël, directeur de l'information de l'entreprise publique. En revanche, "ce qu'on a mis en place est une possible gratuité de la réservation, pour attribuer des places numérotées à ces populations afin qu'elles restent groupées et qu'on évite tout risque de conflit entre voyageurs si jamais elles allaient occuper des places réservées par d'autres", a expliqué ce responsable. Un des deux documents indique en effet qu'un des objectif est de "préserver le confort des autres voyageurs".
"Contrôlées comme les autres". "Ces personnes sont contrôlées comme les autres, doivent être munies d'un billet comme les autres, peuvent faire l'objet d'un PV comme les autres", a insisté Christophe Piednoël. "Pour nous, ce ne sont pas des fraudeurs qui cherchent à profiter du système", a-t-il avancé. D'ailleurs, selon lui, "les migrants voyagent en quasi totalité avec des titres de transport, parce qu'ils se sont souvent munis d'argent pour assurer leur voyage, et ils sont aussi soutenus par des associations qui prennent en charge le montant des billets".
Des voyageurs déracinés. Contactée par France TV Info, la SNCF précise que ces directives répondent à la préoccupation des contrôleurs qui ne savaient pas comment se comporter devant des personnes en transit, parfois sans papier et sans adresse en France, ayant parfois un billet mais "pas le bon". Ne parlant pas français, les migrants peuvent en effet avoir le plus grand mal à bien choisir leur destination ou bien leur place dans le wagon.