L'attentat perpétré à la basilique de Nice a fait trois morts jeudi. 1:13
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La France a été endeuillé par plusieurs attentats ces dernières semaines, dont celui qui a fait trois victimes jeudi à la basilique de Nice. "La violence islamiste surgit au coin de la rue", a analysé Cyrille Bret, philosophe et enseignant à Sciences Po Paris, samedi soir sur Europe 1. 
INTERVIEW

Quelques jours après la décapitation du professeur Samuel Paty, un nouvel attentat a été perpétré jeudi sur le sol français, faisant trois victimes à la basilique de Nice. Cette multiplication des attaques terroristes, en à peine quelques semaines, suscite une vive inquiétude au sein du gouvernement et de la population. C'est précisément le but recherché par les terroristes, comme l'a expliqué Cyrille Bret, philosophe et enseignant à Sciences Po Paris. "La violence islamiste surgit au coin de la rue", a analysé le professeur, qui parle de "terrorisme de coin de la rue".

"Ce sont de très jeunes hommes qui utilisent des couteaux que nous avons tous à portée de main dans notre cuisine. C’est ça l’effet de terreur recherché : nous terroriser dans les lieux qui nous sont familiers avec des objets familiers et des profils de personnes que nous pouvons croiser tous les jours dans les transports en commun, au travail ou dans la rue. Le but c’est que chacun d’entre nous se sent menacé, à n’importe quel moment et dans n’importe quel lieu, et que notre sentiment d’insécurité et notre vulnérabilité soit omniprésent pour paralyser notre jugement politique et nos actes de la vie quotidienne", a poursuivi le philosophe.

"Réclamer un régime d'exception, c'est précisément la victoire que recherche les terroristes"

Cyrille Bret préconise "la vigilance" pour faire face à ces attentats. "L'antiterrorisme n'est pas seulement l'affaire des policiers mais aussi des citoyens", a estimé Cyrille Bret, qui conseille également "le soutien à l'unité nationale et aux principes républicains". "Commencer à réclamer un régime d'exception qui suspendrait les libertés fondamentales, c'est précisément la victoire que recherche les terroristes. Les terroristes ne veulent rien d'autre que de saper le régime républicain. Leur donner cette victoire serait terrible", a prévenu le philosophe. 

Plusieurs responsables politiques, notamment à droite et à l'extrême droite, ont réclamé ces derniers jours une modification de la Constitution pour faire face aux attentats islamistes. 

"Ces actes ont un projet et un visage politique" 

Autre point commun entre l'attentat de Nice et contre Samuel Paty : les deux auteurs sont de très jeunes hommes, un Tunisien de 21 ans dans le premier cas, et un Tchétchène de 18 ans dans le second. "Ils sont très jeunes pare que ça permet aux terroristes d’échapper aux systèmes de surveillance", a jugé Cyrille Bret. Le professeur a également dit espérer "qu'aucun État n’agite une propagande anti-française." 

"Ces actes odieux qui nous choquent tous ont un projet et un visage politique. Ces actes ont été méticuleusement préparés pour le tempo, le lieu et les victimes pour terroriser au maximum. J’espère que nous n’assistons pas à cette stratégie indirecte qui avait mené des États, comme l’Iran, pour mener des attentats au cœur du pays (l'Iran avait organisé des attentats sur le sol français dans les années 1980, ndlr). J'espère que nous n'aboutirons pas à cette conclusion."

Quatre personnes ont été mises en garde à vue dans le cadre de l'enquête sur l'attentat de Nice. "Il est encore beaucoup trop tôt pour savoir si (l'auteur) a bénéficié de complicité", ont expliqué les enquêteurs.