Il y a 50 ans, 343 femmes ayant avorté illégalement signaient un manifeste en faveur de l’avortement. Aujourd'hui, 93% des Français se disent attachés à ce droit, selon un sondage Kantar public mené pour la fondation des femmes. Quelque 232.000 interruptions volontaires de grossesse (IVG) ont été réalisées en 2019 en France. Et un tiers des femmes ont recours à une interruption de grossesse au moins une fois dans leur vie. Alors qu'à l'hôpital des chirurgies ont été déprogrammées en raison de la crise sanitaire, cela n'a semble-t-il pas concerné l'accès à l'IVG même si le nombre d'appel sur le numéro vert dédié a augmenté en 2020.
Les IVG considérées comme "une urgence"
Le monde médical s'est adapté pour faire respecter ce droit. Au printemps dernier, en raison des difficultés d'accès aux hôpitaux, le délai autorisé pour une IVG médicamenteuse en ville est passé de sept à neuf semaines d'aménorrhée. Les téléconsultations se sont multipliées pour informer et délivrer les médicaments nécessaires.
Cela a permis d'augmenter de 10% le nombre de femmes pouvant avoir recours à l'interruption de grossesse à domicile. Et pour les deux tiers des femmes devant être prises en charge à l'hôpital, il y a eu une continuité des soins. "Les IVG ont été considérées par toute la profession, et par le Collège national des gynécologues-obstétriciens, comme une urgence", explique ainsi explique le professeur Israël Nisand, gynécologue à Strasbourg et représentant du Collège national des gynécologues et obstétriciens français. "Il y a des activités chirurgicales qui ont été arrêtées mais pas les IVG. Dans l'endroit où je travaille, la natalité a baissé mais le nombre d'IVG est resté identique".
Il est encore un peu tôt pour avoir le détail des chiffres de 2020, mais a priori, pas de changement non plus dans le profil ou l'âge des femmes ayant eu recours à une interruption de grossesse durant cette crise sanitaire. Les femmes âgées de 20 à 30 ans restent les plus concernées.