Sur X, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a annoncé la mort de l'ancien juge d'instruction Renaud van Ruymbeke. Son nom était associé à un grand nombre d'affaires politico-judiciaires.
Karachi, Cahuzac, Jérôme Kerviel... Toutes ces affaires politico-judiciaires ont un point commun : elles ont été instruit par l'ancien magistrat Renaud van Ruymbeke dont Eric Dupond-Moretti , ministre de la Justice, vient d'annoncer le décès, à l'âge de 71 ans, sur X. "Le juge Renaud Van Ruymbeke nous a quittés. La France perd un grand magistrat et la Justice un immense serviteur. J'adresse mes condoléances émues à sa famille et à ses proches", a écrit le garde des Sceaux.
Juge emblématique de la lutte contre la corruption
À la retraite depuis 2019, ce grand amateur de football, par ailleurs pianiste émérite, a été un des juges emblématiques de la lutte contre la corruption en France et a instruit certaines des affaires politico-financières les plus sensibles des dernières décennies.
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Parmi ses instructions figurent notamment l'affaire Urba, sur le financement occulte du Parti socialiste, des enquêtes sur Jérôme Cahuzac et les époux Balkany, ou encore la complexe affaire des frégates de Taïwan. En 2008, il avait aussi mené l'enquête sur les fraudes géantes du trader de la Société générale Jérôme Kerviel. "Il y a énormément d'argent à nos portes et personne ne fait rien", avait-il regretté lors de la dernière interview accordée à l'AFP, en novembre 2022.
Il avait appelé à "la nécessité de prise de conscience", "au moment où les Etats ont des déficits importants, de gros besoins pour les hôpitaux, pour la transition énergétique". "Il incarnait l'image du juge d'instruction indépendant et courageux, et laissera une empreinte indélébile dans l'histoire judiciaire de notre pays", a réagi sur X Rémy Heitz, procureur général près la Cour de cassation.
Georges Fenech, ancien magistrat : "Un magistrat hors pair, véritablement"
"Je me souviens d'un magistrat hors pair, véritablement. Il n'était pas un shérif, ni un va-t'en-guerre. C'était quelqu'un qui inspirait confiance, qui instruisait sans militantisme, mais qui allait au bout de ses enquêtes avec beaucoup de force et de compétence. Ce n'était pas quelqu'un qui accrochait des trophées, bien qu'il ait eu des gros dossiers comme l'affaire Elf, l'affaire Urba, l'affaire des frégates de Taiwan... C'était un magistrat redouté parce que très efficace. Mais, en même temps, on savait qu'il ne menait pas de combat personnel. La justice perd un pionnier qui a su affirmer et ouvrir des pistes sur l'indépendance de la justice."
Philippe Bilger, ancien magistrat et essayiste français : "Un homme qui avait une haute confiance du pouvoir judiciaire"
"C'était évidemment un grand magistrat. Jamais il ne mettait en œuvre un appareil impressionnant, solennel, intimidant. Il cherchait à favoriser la meilleure administration de la justice qui soit. C'était un homme qui avait une haute confiance du pouvoir judiciaire, mais qui en même temps, n'en abusait jamais dans sa pratique."
Propos recueillis par Mayalène Trémolet