Le gouvernement tente de calmer le jeu après la polémique sur la baisse des aides au logement à hauteur de 5 euros par moi à partir d'octobre. Le ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard, a promis une "réforme plus globale" de ce système pour l'automne. Pour justifier le changement de règles de ces allocations reçues par 6,5 millions de Français, on évoque "l'effet pervers" de ces aides sur l'inflation des loyers du secteur privé.
100 euros d'aide ferait augmenter un loyer de 50 à 80 euros. Ce n'est plus un secret, l'Insee puis la Cour des comptes plus récemment l'ont confirmé : les propriétaires ont une forte tendance à augmenter leur loyer en fonction des aides au logement perçues par leurs locataires. D'après plusieurs études, 100 euros d'aide reçus engendrent 50 à 80 euros de loyer en plus.
Cette inflation ne date pas d'hier et expliquerait en partie les loyers excessifs d'aujourd'hui, selon Jean-Claude Briant, professeur et spécialiste des politiques du logement : "C'est une réalité. Elle a surtout touché les petits logements, des étudiants entre autres. Dans une certaine mesure, elle a aussi favorisé la production de ces petits logements. Ça a été une très bonne affaire pendant toutes les années 90 et même 2000 parce que les investisseurs savaient qu'ils pouvaient générer des loyers élevés, en partie financés par de l'aide à la personne."
Des règles vieillissantes. Économistes et professionnels du secteur s'accordent sur un point : les règles d'attribution de ces aides ont vieilli. Il faut tout revoir, avec l'idée par exemple de ne plus indexer l'APL sur le prix du loyer mais uniquement sur les revenus, la zone géographique et le nombre de personnes au sein du foyer. Une autre possibilité serait de créer une nouvelle allocation qui en engloberait plusieurs comme le RSA, la prime pour l'emploi, les aides au logement. Il serait ainsi impossible pour les propriétaires de s'y référer pour gonfler leur loyer.