L'archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, s'est rendu dimanche matin à la rencontre de migrants installés dans un imposant campement près de la porte de la Villette, dans le nord-est de la capitale, en signe de fraternité et d'"écoute".
La France a les moyens "d'accueillir plus". "C'est une attention aux frères, c'est notre foi", a expliqué l'archevêque. "Dans le mot étranger, il y a le mot étrange, mais on se rend compte que si on les écoute, si on les respecte, si on les accueille, une vraie relation peut se produire". Pour lui, il faut concilier "l'accueil de celui qui est là" et la question du "bien commun" : "comment accueillir ces gens du mieux possible sans déséquilibrer" le tissu social. En France, "aujourd'hui, nous avons les moyens peut-être d'accueillir plus que ce que nous faisons", a-t-il avancé.
Un millier de migrants. Pendant une heure, Mgr Aupetit a déambulé le long des tentes serrées sous les ponts et rencontré de petits groupes de migrants, pour beaucoup originaires du Soudan et d'Erythrée, installés le long du canal de Saint-Denis. Il était accompagné des curés de deux paroisses voisines et de Mgr Benoist de Sinety, vicaire général du diocèse, en charge du nord-est de la capitale. Dans ce nouveau campement du XIXe arrondissement où dorment plus d'un millier de migrants, la douceur de l'air ne doit pas faire oublier la rudesse des conditions de vie, raconte Mechac, 32 ans, arrivé il y a huit mois de Côte d'Ivoire via la Libye avec son frère jumeau Chadrac.
Appel du pape à "en faire davantage". Cet hiver, "avec le vent, la pluie, on n'arrivait même pas à dormir", dit-il. Tous deux improvisent une chanson devant le prélat : "Qui changera ce monde ? Toi et moi, nous changerons ce monde-là". Cette visite doit aussi "encourager les paroisses qui essaient de faire quelque chose", a souligné le prélat. La paroisse voisine de Saint-Jacques/Saint-Christophe loge ainsi six migrants dans des studios et donne des cours d'alphabétisation. L'appel du pape François à en faire davantage pour accueillir les migrants divise dans les milieux catholiques, notamment en France.