Les députés ont largement voté dans la nuit de mardi à mercredi une cinquième prolongation de l'état d'urgence jusqu'au 15 juillet, au motif d'une menace terroriste aiguë en période électorale. Plusieurs d'entre eux ont nénamoins appelé à préparer la sortie de ce régime.
Vote au Sénat jeudi. Adoptée par 288 voix contre 32, et cinq abstentions, elle devrait être votée conforme jeudi au Sénat afin d'éviter une interruption automatique de l'état d'urgence le 22 décembre, quinze jours après la démission du gouvernement Valls. La très grande partie de la majorité et de l'opposition ont voté pour. Vu le calendrier serré, le groupe LR n'a pas cherché à durcir le texte comme en juillet. Une poignée de députés LR n'a cependant pas soutenu cette prolongation, comme Pierre Lellouche, pour lequel "l'état d'urgence n'a pas permis d'empêcher des attentats". La principale contestation est venue des députés Front de gauche, écologistes non inscrits ou ex-PS.
Une durée de 20 mois, un record. La France connaîtra ainsi sa plus longue période d'état d'urgence ininterrompue (20 mois) depuis la création de ce régime d'exception pendant la guerre d'Algérie. Durci par le Parlement depuis un an, le régime permet des assignations à résidence, perquisitions administratives, interdictions de cortège, contrôles d'identité et fouilles de bagages et de véhicules, fermetures de lieux de réunion...
"Niveau extrêmement élevé" de risque terroriste. Le nouveau ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux a souligné en préalable que "pèse aujourd'hui sur la France un risque terroriste d'un niveau extrêmement élevé". Depuis la dernière prolongation votée peu après l'attentat de Nice, "nous avons déjoué pas moins de 13 attentats, impliquant une trentaine d'individus", a-t-il plaidé. Avec de multiples rassemblements publics, le successeur de Bernard Cazeneuve a fait valoir que "l'intense période électorale dans laquelle nous entrons accroît encore le risque de passage à l'acte des terroristes".