Vendredi 11 octobre, une femme qui accompagnait une visite scolaire au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, a été prise à partie par un élu régional RN parce qu'elle portait un voile. Invité sur Europe 1 jeudi matin, Latifa Ibn Ziaten, mère d'Imad Ibn Ziaten, premier militaire assassiné à Toulouse par le terroriste Mohammed Merah le 11 mars 2012 et fondatrice de l’association IMAD pour la Jeunesse et la Paix, est revenue sur cette polémique autour du voile.
"Je ne veux pas qu'il garde cette image de la France"
"Ça m'a fait mal que cette mère soit humiliée devant son enfant. Quel image va-t-il garder cet enfant ? Je défends cette jeunesse, j'essaye de leur donner une chance de trouver leur place dans la société", a-t-elle déclaré au micro d'Europe 1. Celle qui se rend dans les écoles pour faire de la prévention, s'est dit particulièrement inquiète du message que pourrait retenir cet enfant de l'incident : "Aujourd'hui, les gens que je rencontre ont des blessures profondes. Je ne veux pas qu'il grandisse avec ce sentiment, je veux lui dire que cet homme n'a pas le droit de dire ça, qu'il n'a pas le droit de faire ça à sa maman mais qu'il ne doit pas le prendre trop à cœur. Je voudrais le rassurer, le serrer dans mes bras. Je ne veux pas qu'il garde cette image de la France".
Elle a dénoncé l'attitude de l'élu RN : "C'est un jeune français et voir sa maman humiliée comme cela ... La maman c'est le pilier et il va sentir sa maman blessée à côté de lui, c'est grave. On n'a pas le droit de s'exprimer comme cela devant des enfants !"
"Il faut laisser la liberté aux gens"
Latifa Ibn Ziaten a également réagi aux propos du ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer, qui a estimé que le voile "n'était pas un idéal de société" et que "du point de vue de la condition féminine, il ne correspond pas aux valeurs de la République". "Il faut laisser la liberté aux gens. S’il faut choisir pour faire plaisir aux autres, il n’y a plus de liberté. Et, si on est dans un pays de droit et de liberté, il ne faut pas diviser".
Elle a toutefois condamné le port de la burqa : "Quelqu'un qui est habillé tout en noir, dont on ne voit pas le visage, moi non plus je n'aime pas. En tant que femme française et musulmane, je ne l'accepte pas. Je n'accepte pas non plus qu'une enfant de dix ans soit voilée parce qu'elle ne l'a pas choisit. Mais quelqu'un qui a choisit, dans ce cas il faut lui laisser cette liberté tant qu'elle ne dérange pas le lieu de l'interdit et de laïcité".
"J'ai été humiliée une fois à l'Assemblée nationale"
Latifa Ibn Ziaten a, par ailleurs, adressé un message à Marine Le Pen, également invitée de la matinale d'Europe 1 jeudi matin : "Madame Le Pen, je pense qu'il faut respecter l'avis de l'autre. La mixité c'est la richesse de la France. On doit vivre ensemble. Il faut accepter la différence de l'autre et il faut respecter l'autre".
A-t-elle déjà été prise à partie à cause de son voile ? "J'ai été humiliée une fois, à l'Assemblée nationale et ça m'a fait très mal en tant que femme. On m'a dit que je portais un chiffon et que ce n'était pas ça l'islam, que je n 'avais pas le droit de parler de laïcité. Mais je suis une femme assez forte. Quand on vit des choses difficiles comme perdre un enfant enfant de trente ans, ce n'est pas un homme ou deux qui vont m'arrêter. Au contraire, ils m'ont donné le courage de continuer mon combat".