Jeudi, la CFDT fera passer un grand oral à quatre candidats à la présidence de la République (François Fillon, Emmanuel Macron, Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon via son représentant) et présentera dans la foulée les résultats de sa grande enquête intitulée "Parlons travail" réalisée auprès plus de 200.000 travailleurs. Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, était l'invité de la matinale d'Europe 1 pour analyser les donnés de cette étude.
Des Français qui aiment leur travail mais surmenés. Premier chiffre relevé : 77% des Français disent aimer leur travail. "Cette enquête montre que les gens aiment leur travail, mais elle est ambivalente, nuance Laurent Berger, car elle montre que les gens ont besoin de davantage de communication. Ils en ont assez d'une vision verticale du travail où on leur impose des choses", car d'après cette étude, 50% des Français indiquent avoir une charge excessive de travail et 45% des douleurs physiques régulières. "Il faut davantage de participation des salariés, qu'on les écoute davantage. C'est ce que dit cette enquête." 36% des travailleurs indiquent même avoir fait un burn-out. "On voit bien qu'il y a une intensification très forte du travail." Face à ce constat, Laurent Berger dénonce des "logiques de management et de gouvernement des entreprises aveugles. Tout ce qui développera de la coopération, de l'écoute, est une aspiration très profonde", indique-t-il.
"Un danger, le Front national". Par ailleurs, d'après les résultats de l'enquête, la question temps de travail et notamment des 35 heures, plutôt obsessionnelle pour les candidats à la présidentielle, n'intéresse pas autant les salariés. 42% pensent que le temps de travail n'est pas un problème. 27% seulement souhaitent ne pas toucher aux 35 heures. "Focaliser le débat sur la durée légale du temps de travail ne parle pas et n'a aucun effet", juge le secrétaire général à l'égard des propositions des candidats à la présidentielle. Si le syndicat ne soutient pas de candidat, il affiche en revanche son opposition à Marine Le Pen, qui n'a d'ailleurs pas été invitée jeudi au grand oral.
"Elle porte une vision de notre pays et du monde du travail totalement incompatible avec celle de la CFDT. Je ne veux pas la banaliser, se justifie Laurent Berger. Moi, je veux parler du fond. Il y a de profonds enjeux et un danger, le Front national. La CFDT va sortir la semaine prochaine un argumentaire pour ses équipes pour combattre le Front national. Il faut dire en quoi son programme est incompatible avec le développement économique, la démocratie et le bien-être social."