Alors que les résultats du bac sont attendus mardi par les 684.734 candidats, une réforme est en préparation du côté du ministère. Un projet de décret du Conseil supérieur de l'éducation, voté jeudi, permettrait en effet aux élèves redoublants de Terminale de conserver leurs meilleures notes. Concrètement, lors de sa deuxième année de Terminale, un élève redoublant ne suivrait que les cours des épreuves qu'il n'a pas validées lors de son premier passage. Une mesure qui ne fait pas l'unanimité.
#CONTRE
Pour Valérie Sipahimalani, secrétaire générale adjointe du Snes, le principal syndicat du secondaire, ce bac à la carte "pose question sur la lutte contre le décrochage" et pourrait produire "des élèves touristes". "De manière plus générale, si un élève ne vient qu'à quelques heures de cours dans la classe, il ne peut pas en faire partie, il ne s'y intégrera pas", explique cette syndicaliste au micro d'Europe 1. "Pour qu'un élève s'intègre dans les savoirs, puisse travailler et réussir ses apprentissages, il faut une continuité avec l'équipe des enseignants et il faut aussi des relations sociales avec ses camarades", ajoute-t-elle. Des conditions de réussite scolaire qui ne seraient plus réunies si ce projet de décret est finalement appliqué.
De plus, Valérie Sipahimalani souligne le problème de la perte de niveau chez les élèves redoublants : "un élève, qui aurait la moyenne en anglais par exemple, pourrait passer son année de redoublement sans pratiquer du tout l'anglais et ça, ça nous semble très dommageable".
#POUR
Laurent Bigorgne, président de l'Institut Montaigne, soutient ce projet de décret. Il n'encouragera pas au décrochage selon lui, bien au contraire : "l'élève qui a échoué dans certaines matières pourra se dire 'l'année prochaine, je vais l'organiser un peu autrement' en faisant par exemple de l'insertion professionnelle, un stage en entreprise ou dans une association". Plus utile, selon le président de l'Institut Montaigne, que de "repasser des matières déjà acquises".
Laurent Bigorgne invite à faire "un peu les choses à la carte en partant des élèves, le système part toujours des programmes et des examens".
Existe-t-il un risque de créer un bac à deux vitesses entre ceux qui l'obtiendraient du premier coup et ceux qui, en redoublant, n'auront pas suivi certaines matières pendant une année ? "La réalité est hypocrite puisque, d'ores et déjà, il y a déjà des bacs à plusieurs niveaux, on ne devrait pas les hiérarchiser mais on hiérarchise entre mention et pas de mention par exemple", avance Laurent Bigorgne. Selon lui, "ce qui compte, c'est d'avoir le bac, de ne pas échouer quand il a travaillé".