Le premier syndicat des chefs d'établissements a lancé jeudi une charge au vitriol contre le baccalauréat, un examen qui sous sa forme actuelle "ne sert à rien" et que le nouveau ministre de l'Education a prévu de réformer. "Le bac actuel ne sert à rien", s'est agacé Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN, syndicat des responsables de collèges et lycées, lors d'une conférence de presse. Il a appelé à la création de deux examens : un pour certifier les compétences acquises en fin de scolarité et l'autre, dont la forme reste à définir, pour évaluer les compétences nécessaires à la réussite en études supérieures.
90% de réussite au bac, 40% de réussite en licence. Le bac, qui donne le droit de poursuivre des études supérieures, "ne joue plus son rôle" car si le taux de réussite approche les 90%, seuls 40% des étudiants parviennent à boucler leur licence (bac+3 à la fac) en trois ou quatre ans. "Si l'on veut 'remuscler' un bac qui vérifie bien que les élèves ont les compétences nécessaires pour entrer dans l'enseignement supérieur, il faut le refonder", a dit Philippe Tournier. Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a indiqué récemment vouloir "remuscler" cet examen.
"Sujets hors sol" et "programmes encyclopédiques". Le SNPDEN s'est également inquiété de sujets qui semblent participer au "concours Lépine des sujets les plus hors-sol", citant l'épreuve d'histoire en Terminale littéraire (L) et économique et social (ES) qui interrogeait cette année les candidats sur "Socialisme, communisme et syndicalisme en Allemagne depuis 1945". "Soit 20 minutes de cours sur une année scolaire", a raillé Philippe Tournier, qui a aussi critiqué les "programmes encyclopédiques". Il a pointé du doigt "des erreurs inacceptables" lorsqu'on sait que les intitulés sont vus et revus devant diverses commissions. Enfin, le syndicat a fait part de sa colère à propos d'APB, la plateforme d'admission post-bac. Le logiciel lui-même n'est pas mis en cause, mais les listes d'attente sur des filières pourtant désignées comme pouvant accueillir tous les postulants (dites "à pastille verte") sont "inadmissibles", selon le SNPDEN.
D'autant que chefs d'établissement et professeurs ont été alertés par leurs élèves et non par le ministère de l'Enseignement supérieur. "On aurait pu l'expliquer aux établissements au lieu de les inonder de mails inutiles", a regretté Philippe Tournier, qui souligne le discrédit porté à APB par ce type de situations. Sur les 1.511 "mentions" (intitulés précis de filière universitaire) à pastille verte, 55 ont dû mettre en place des listes d'attente à l'issue de la première vague de réponses d'APB, début juin, selon les chiffres du ministère. La deuxième vague de réponses aura lieu lundi.