L’enquête sur l’attaque à la Préfecture de police de Paris, qui a fait cinq morts dont l’assaillant jeudi, a pris une tout autre tournure. Après 24 heures d'investigations menées par le Parquet de Paris, le Parquet national antiterroriste s'est finalement saisi de cette affaire. L’auteur de l’attaque, employé depuis 2003 à la maintenance informatique de la direction du renseignement parisien, converti à l’islam depuis 18 mois, se serait en effet radicalisé à en croire un premier examen des messages sur son téléphone portable. Un cas très rare, mais pas isolé non plus.
"Dans la police, sur les 150.000 agents, le directeur général de la police nationale dit qu’il y en a une quinzaine de suivis pour radicalisation. Je dirai plutôt une trentaine", indique samedi au micro d’Europe 1 le député LR Éric Diard, auteur d’un rapport publié en juin sur la radicalisation au sein du service public. "Au niveau de la Préfecture de police, sur 43.000 agents, une quinzaine étaient suivis pour radicalisation", précise-t-il.
"L’enquête devra déterminer comment cet individu s’est radicalisé : par les réseaux sociaux, par la mosquée, par son entourage ?", s'interroge l’élu. Autre point : "Il était informaticien sur un site très sensible. A-t-il divulgué des informations stratégiques à des personnes extérieures ?", poursuit-il.
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"Je pense qu’il est passé à travers les mailles du filet"
Éric Diard rappelle que les services de police procèdent à des vérifications régulières au sein des effectifs, précisément pour déceler d’éventuelles traces de radicalisation. "Il y a des habilitations, des contrôles qui sont fait tous les cinq ans par la DGSI d’abord, puis l’IGPN. Je pense qu’il est passé à travers les mailles du filet." "Soit il y a eu une faille du renseignement, soit, à cette époque-là [lors du dernier contrôle, ndlr], il n’était pas encore radicalisé."
D'abord décrit comme un employé sans histoire par le ministre de l'Intérieur, l’assaillant aurait toutefois été rappelé à l’ordre par ses supérieurs après avoir tenu des propos déplacés sur l’attentat de Charlie Hebdo. "Si cette information est avérée, il est impossible que l’on puisse laisser un tel individu à un poste aussi stratégique", s’agace Éric Diard. "Il y a des policiers qui faisaient des atteintes à la laïcité, qui troublaient la neutralité du service public. Ces personnes-là étaient écartées. On les mettait à des postes subalternes", rappelle-t-il.