Le ministre de l'Agriculture, qui a rappelé sur Europe 1 sa volonté de sanctionner les abattoirs négligents et de protéger les lanceurs d'alerte, veut se distinguer des objectifs de L214.
L'association L124 a révélé mercredi, dans le journal Le Monde, de nouvelles images de maltraitance dans deux abattoirs de l'Hérault et du Mercantour. Vendredi, le ministère de l’Agriculture a publié le bilan de contrôles organisés en avril après les polémiques suscitées par des vidéos chocs. Trois établissements ont été fermés après inspection. "C'est le début d'une volonté que j'avais exprimé de ne pas laisser les abattoirs continuer à fonctionner sans réagir. Il y a eu d'autres moments où il y eu de telles images : on donne des conseils, on vérifie et puis on corrige", a commenté Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture sur Europe 1 samedi matin.
Assumer la responsabilité du bien-être animal. Hormis les trois abattoirs fermés, 30% des sites ont été pointés du doigt pour des anomalies. "Il y a des choses faites depuis des années et qui vont dans le bon sens, mais on laisse aussi des négligences s'installer et qu'on ne peut pas accepter", a reconnu le ministre. "On doit obliger les abattoirs à respecter la réglementation et à faire en sorte que l'ensemble des abattoirs assument la responsabilité du bien-être animal. Mais le constat qui a aussi été fait est qu'une large majorité des abattoirs fonctionnent bien", a-t-il cependant nuancé.
Pas favorable à la vidéosurveillance. Le ministre n'est "pas a priori favorable" à la vidéosurveillance dans les abattoirs, ne souhaitant pas seulement responsabiliser les salariés, mais "tout l'abattoir" : "On sait que les cadences et les vitesses auxquelles peuvent aller les chaînes sont aussi des éléments qui peuvent avoir un impact sur la capacité qu'ont les salariés à pouvoir respecter l'ensemble des règles", a expliqué Stéphane Le Foll, comptant attendre les conclusions de la commission d'enquête parlementaire en septembre. "On fera le mieux (...), à la fois pour respecter les personnes, les salariés, et en même temps garder comme objectif le bien-être animal et le respect de toutes les règles", a-t-il insisté.
"L214 vit avec un objectif qui n'est pas le mien". Stéphane Le Foll, qui rappelle que la loi Sapin 2 permettra maintenant de protéger tous ceux qui dénoncent, souligne toutefois qu'il ne partage pas les objectifs de l'association L214 : "L214 comme Brigitte Bardot vivent avec un objectif qui n'est pas le mien. Pour eux, c'est : 'on ne mange plus de viande, il n'y a plus d'animaux domestiques ni d'abattoirs.' C'est une position, on peut la respecter, mais il faudrait rappeler (dans les médias, ndlr) que cette association a un objectif très clair" qui n'est pas uniquement de dénoncer la maltraitance animale, a développé le ministre.