Le général Soubelet, ex-numéro 3 de la gendarmerie et auteur de "Tout ce qu’il ne faut pas dire - insécurité, justice : un général de gendarmerie ose la vérité", va être sanctionné.
Le général Bertrand Soubelet, ex-numéro 3 de la gendarmerie qui a publié en mars un livre à succès dans lequel il sort de son devoir de réserve, va être sanctionné et placé hors cadre, a-t-on appris de sources proches du dossier jeudi. Selon ces sources, l'actuel commandant de l'Outre-mer a reçu mercredi soir à son bureau le directeur des ressources humaines (DRH) qui s'est déplacé afin de lui signifier cette décision. Celle-ci n'est pas encore officielle.
Départ sous 10 jours. Dans un entretien à Sud-Ouest mis en ligne jeudi matin, le général Soubelet confirme avoir "rencontré" le DRH de la gendarmerie qui lui a "annoncé (qu'il était) placé hors cadre" (sans affectation). "Il m'a confirmé mon départ sous dix jours", ajoute-t-il.
"Je m'y étais préparé". "Quand j'ai décidé d'écrire un livre et de m'expliquer publiquement sur ce qui se passe en matière de sécurité dans notre pays, je savais qu'il pourrait y avoir des sanctions. Je m'y étais préparé", dit-il. Dans Tout ce qu'il ne faut pas dire, paru chez Plon fin mars et qui est en tête du classement des ventes de documents, il revenait sur son audition le 18 décembre 2013 par la commission de "lutte contre l'insécurité" à l'Assemblée nationale qui l'a fait sortir de l'anonymat.
"Général courage". Celui qui était alors directeur des opérations et de l'emploi à la direction générale de la gendarmerie (DGGN) - son numéro 3 - avait, bien qu'il s'en défende dans son livre, exprimé de vives réserves sur la politique pénale face aux délinquants. Dans le livre, il écrit ne "rouler pour personne" et dire les choses "avec clarté". "C'est cette 'vérité' qu'on va me faire payer. Cher", assure celui qui avait été muté en 2014 en Outre-mer après que ses propos avaient été révélés peu avant par l'AFP. Ses assertions lui avaient attiré les foudres de sa hiérarchie et du ministre de l'Intérieur de l'époque, Manuel Valls, et suscité la sympathie de nombreux gendarmes de base le qualifiant, sur les réseaux sociaux, de "général courage".
Dans ses entretiens à la presse pour la promotion de son livre, le général Soubelet affirme ne pas avoir "franchi la ligne jaune" en s'affranchissant du devoir de réserve auquel sont astreints les militaires. Le directeur général de la gendarmerie Denis Favier avait critiqué sur son blog la parution du livre. "Je ne conçois pas que l'un (des commandants de la gendarmerie d'outre-mer, NDLR) accepte de telles fonctions pour les dénigrer ensuite", avait-il dit sans citer nommément le général Soubelet.