Le drame a été évité de justesse. Fin décembre 2022, alors qu'un avion de tourisme patientait sur la piste de décollage de l'aéroport de Bordeaux-Mérignac, les contrôleurs de l'aéroport ont autorisé un vol EasyJet à atterrir sur cette même piste. C'est lorsque que le pilote de l'avion au sol a redéclaré sa position à la tour, que le drame a pu être évité de justesse. L'Airbus de la compagnie low cost, alors en phase d'approche, a dû remettre les gaz en urgence. Il passera alors seulement à une cinquantaine de mètres au-dessus du petit avion de tourisme.
En cause selon le rapport du Bureau d’Enquêtes et d’Analyses, un manque de personnel qui a conduit à une erreur humaine. Parmi les trois personnes présentes ce jour-là, une d’entre elles était même à quatre postes différents au moment de l’incident. Pour Jacques Pavaux, ancien directeur général de l'Institut du transport aérien devenu consultant, c’est la conséquence du système d’auto-gestion des contrôleurs aériens, en accord avec le chef de tour.
"Ce jour-là, le chef de tour a décidé, en accord avec les contrôleurs qui devaient venir, qu'ils n'avaient pas besoin de six personnes, mais que trois suffiraient. Cet absentéisme des contrôleurs, ça fait plus de 50 ans que ça existe, a toujours été comme ça", explique-t-il.
Des pratiques douteuses
En plus du manque de personnel, le rapport du Bureau d’Enquêtes et d’Analyses (BEA) montre que les contrôleurs aériens travaillent moins que la durée réglementaire, fixée à 984 heures par an, en enlevant les temps de pause, de réunion et de formation.
Toujours selon ce rapport, il n’existe aucun système pour contrôler leur présence sur site, créant des situations parfois à peine croyables. Dans certains centres, des contrôleurs badgeraient à l’entrée du parking, validant ainsi leur présence, et en ressortiraient immédiatement après. Le BEA appelle cette pratique la "pratique du demi-tour parking".
Des "défaillances" à régler pour Clément Beaune
Pour Jacques Pavaux, cette situation est loin d’être isolée. "Ils se sont organisés en trichant en permanence et ils ont trouvé toutes sortes de combines pour tricher efficacement, c'est-à-dire sans pouvoir être contrôlés", détaille-t-il.
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Le ministre des Transports a donné deux mois à la Direction générale de l’aviation civile pour remettre le système d’équerre et mettre un terme à ce que Clément Beaune qualifie de "défaillances".