Installé à La Courneuve depuis 2008, il pourrait être évacué très prochainement après une décision de la mairie.
Des ruelles et des rues, une place et même une église… Le Samaritain a tout l'air d'un village. Mais avec ses maisons faites de tôles et son absence de tout à l'égout, il est en réalité un bidonville. Installé à La Courneuve en Seine-Saint-Denis depuis 2008 entre l'A86, une usine Airbus et une voie du RER B, il regroupe 80 familles venues pour la plupart de Roumanie. La mairie, qui ne veut pas voir la situation s'éterniser, veut son évacuation dans les plus brefs délais.
Une piqûre de rappel le 6 août dernier. Les habitants du camp "Le Samaritain", appelé ainsi appelé en référence à l'église du même nom qui y a été construite, ne dorment plus tranquillement. Et pour cause, ils semblent bien avoir perdu le bras de fer qui les opposaient à la mairie. Le 6 août dernier, les forces de l'ordre sont même passés prévenir que la situation ne pouvait plus durer. Théoriquement, le bidonville peut être évacué depuis le samedi 15 août.
Amoncellement d'ordures et absence de sanitaires. C'est en 2013 que le maire communiste de La Courneuve, Gilles Poux, a exprimé une première demande d'évacuation. Il faut dire que sa commune est une habituée des bidonvilles puisque, cette même année, elle comptait en tout 11 camps où vivaient 2.000 personnes, selon les chiffres fournies par la municipalité.
"Le Samaritain", le plus grand d'entre eux, réunit pas moins de 300 personnes qui vivent dans "des conditions insoutenables", rapporte au Figaro Jean-Luc Vienne, directeur de cabinet du maire de La Courneuve. "Pour le moment, la seule solution que l'on a, c'est l'évacuation", ajoute-t-il. L'insalubrité est en effet importante dans le bidonville. Si l'intérieur des logements est propre, il n'y a pas de sanitaires, ni de point d'eau potable, les rats pullulent entre les baraques et un amoncellement d'ordure, issu d'une ancienne décharge sauvage, trône au fond du campement.
Un plan d'assainissement rejeté par la mairie. Les habitants du bidonville ne souhaitent en aucun cas être expulsés, d'autant plus que l'alternative proposée par la mairie est un relogement d'urgence via le 115, déjà débordé en Seine-Saint-Denis. Joseph, un des habitants du Samaritain, a décidé de ne pas se laisser faire. Du haut de ses 17 ans, il a lancé une pétition de soutien qui a déjà recueilli 28.000 signatures. "On veut montrer que les Roms sont des humains comme tout le monde, ils sont capables de travailler, d'apprendre la langue française", explique-t-il au micro d'Europe 1. "Pour moi, c'est trop triste d'être expulsé et de partir de là, on est comme des familles tous ici, il y a des gens qui ont préparé leurs bagages car ils ont vraiment peur d'être expulsés", ajoute-t-il, inquiet.
Appel aux pouvoirs publics. Du côté des associations, la mobilisation n'a malheureusement pas porté ses fruits. Un plan d'assainissement, élaboré entre autres par Médecins du Monde, la Fondation Abbé-Pierre, l'École d'architecture de la Villette, prévoyait pourtant l'insertion des habitants du Samaritain, dont un quart occupent déjà un emploi. L'objectif ? Pallier l'urgence sanitaire en remplaçant par exemple l'amoncellement d'ordure par des sanitaires et reloger les familles après leur avoir trouvé du travail.
Un plan rejeté par la municipalité car jugé incomplet, comme l'explique Jean-Luc Vienne du cabinet du marie au journal La Croix : "nous ne mettons pas en cause la bonne foi des associations mais les pouvoirs publics sont absents de leur plan. Et je doute que des associations, même comme Médecins du Monde, aient la force d’œuvrer à l'intégration de 300 personnes en moins de cinq ans". Pour la mairie, qui souhaite une intervention de la région pour régler le problème des camps, le projet associatif revient juste à "pérenniser le bidonville et c'est insupportable".
Nettoyer les abords du Bourget pour la Cop 21 ? Mais pour les résistants, il y a une autre raison moins avouable en faveur de la disparition du camp. Pour Mehdi Bouteghmes, conseiller municipal opposé à l'évacuation, "la préfecture pousse aussi pour avoir une expulsion le plus rapidement possible". Dans quel but ? "Nettoyer toute la zone qui se trouve autour de l'espace près du salon d'exposition du Bourget qui accueillera la Cop 21", explique ce resposable au micro d'Europe 1. Le campement est en effet situé le long de l'autoroute que les chefs d'Etat emprunteront pour se rendre en décembre prochain à ce sommet international sur le climat.