Le 15 juin, des médecins ont lancé un "appel solennel" aux pouvoirs publics pour la protection des enfants et des ados contre une pornographie à laquelle ils sont exposés de plus en plus jeunes. Une alerte qui vient du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (Cngof). Un jeune de 14 à 24 ans sur cinq (21%) dit regarder de la pornographie au moins une fois par semaine. Le nombre atteint 15% chez les 14-17 ans.
"La sexualité n'est pas innée". Philippe Brenot, psychiatre et anthropologue, revient sur les conséquences d'une telle exposition. "Contrairement à ce que l'on croit, la sexualité n'est pas innée, mais apprise". "Elle est socialement construite", poursuit-il. "Ce n'est pas que cela modifie leur sexualité, c'est que cela modifie la sexualité de tout le monde et eux, qui tombent dedans, vont le prendre comme modèle".
"Le porno déforme sans doute la vision des corps". Pour aller dans le sens de Philippe Brenot, en 2014, une étude Ifop pointait que près d'un Français sur deux (47%) a déjà tenté de "reproduire des positions ou des scènes" vues dans un film porno, contre 40% en 2009.
Pour Elisabeth Marshall, rédactrice en chef du Monde – Sens et santé, "le porno donne une image de la sexualité comme une performance, ce qui n'est pas le propre de la sexualité, (...) et cela déforme sans doute la vision des corps". Pour la journaliste, il est donc vital d'apporter de la connaissance et de l'information au milieu de ce flot d'images.