"C’est la démocratie". Interrogé par Europe 1, Paul Raoult, le président de la FCPE, la puissante fédération des parents d’élèves qui revendique 300.000 adhérents, concède volontiers sa défaite. L’homme n’a pas été reconduit dimanche lors du 69e congrès de la fédération comme membre du conseil d’administration, une première depuis 1947 pour un président rééligible. Réputé proche du PS, la FCPE soutient depuis le début la très controversée réforme du collège. Paul Raoult paye-t-il aujourd’hui ce soutien ? C'est en tout cas l'explication lancée par l'UMP. Le futur ex-président du mouvement s’en défend.
Une crise interne. "Le congrès a pensé qu’il fallait mettre d’autres personnes à sa tête", commence prudent Paul Raoult, qui doit quitter ses fonctions le 6 juin. Pour lui, l’interprétation de sa défaite est en réalité très claire : "il y a un message d’une volonté de changer les pratiques, c’est quelque chose d’interne". C’est vrai, la fédération traverse depuis longtemps une crise de gouvernance. En avril déjà, plusieurs présidents départementaux avaient tenté de débarquer la direction, reprochant à Paul Raoult son "suivisme". Leur demande avait été rejetée lors d’un conseil d’administration car jugée antistatutaire.
La réforme du collège pas en cause. Selon Paul Raoult, il ne faut donc pas aller chercher du côté de la réforme du collège pour expliquer sa défaite. Et ce revers ne doit pas, selon lui, remettre en cause la réforme. "La FCPE, et c’est encore moi qui porte cette parole, le redit, la réforme va dans le bon sens", abonde-t-il. Paul Raoult concède cependant qu’il entend "les inquiétudes légitimes des parents sur comment ça va se faire". Il fustige aussi les "contre-vérités de l’UMP qui ont créé le trouble" et "l’organisation d’une campagne de désinformation pour faire capoter la réforme".
L’UMP, elle, a en tout cas clairement fait le lien entre ce qui s’est passé dimanche au congrès de la FCPE et la réforme du collège. Catherine Troendle, sénatrice et secrétaire national de l’UMP à L’Education, écrit ainsi que "les parents d’élèves ont sévèrement sanctionné les soutiens inconditionnels de Mme Vallaud-Belkacem et le projet de réforme. On comprend mieux la précipitation du gouvernement à vouloir faire passer en force le décret relatif à cette réforme, au mépris de tout dialogue".
Un appel au gouvernement. De son côté, Paul Raoult reconnaît que "cette défaite, c’est peut-être le reproche que l’on aurait dû être plus offensif avec cette réforme du collège". Paul Raoult veut aujourd'hui se démarquer de cette accusation de "suivisme" que lui colle à la peau : "la réforme oui mais avec des moyens", demande-t-il au gouvernement. "Il n’y a jamais eu de soutien inconditionnel au gouvernement", se défend-il encore. "On le dit avec plus de force aujourd’hui, il faut plus de moyens, 4.000 enseignants en plus notamment". Et si Paul Raoult ne peut présumer quelle sera la position exacte de la future direction de la FCPE sur la réforme du collège, il se veut confiant : "a priori, il n'y aura pas de changement sur cette ligne".