"La responsabilité d'Abdelkader Merah est accablante", selon l'un des avocats des victimes

© Benoit PEYRUCQ / AFP
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R.Da. , modifié à
Alors que le verdict est attendu jeudi, Patrick Klugman, avocat d'un parent de victimes, insiste sur l'implication d'Abdelkader Merah dans la radicalisation du "tueur au scooter".
INTERVIEW

Le verdict dans le procès d'Abdelkader Merah, frère de Mohamed Merah, est attendu jeudi dans la soirée. L'avocate générale a réclamé la perpétuité à son encontre, et 20 ans de prison pour Fettah Malki, un ami des Merah, notamment accusé d'avoir fourni un pistolet-mitrailleur au "tueur au scooter", qui a fait sept morts et six blessés entre le 11 et le 19 mars 2012. "C'est un moment judiciaire historique que nous vivons depuis cinq semaines, depuis l'ouverture de ce procès", a tenu à relever au micro de la matinale d'Europe 1 Patrick Klugman, avocat de Samuel Sandler, père et grand-père de trois victimes abattues au collège-lycée juif Ozar Hatorah de Toulouse. Ce procès est le premier d'une longue liste dans le cadre des attaques terroristes qui ont frappé la France depuis cinq ans.

"Il n'y a pas d'exemple en justice". "Ce que nous attendons des magistrats, c'est qu'ils délibèrent selon les formes prévues par la loi, qu'ils se réunissent et qu'ils répondent aux 81 questions posées, dans le sens de la condamnation des accusés, avec le sentiment que les preuves et les débats ont pu forger en eux une intime conviction de culpabilité", explique Patrick Klugman, qui refuse de voir ce procès et sa conclusion servir d'exemples face aux autres affaires terroristes qui pourraient arriver prochainement devant les tribunaux. "Il n'y a pas d'exemple en justice, l'exemple en justice, c'est de juger les hommes que nous avons à juger avec les faits qu'ils ont commis et leur responsabilité propre", soutient-il.

"La légende du dossier sans preuve". Pour lui, "la responsabilité d'Abdelkader Merah est accablante". Il pointe notamment son rôle de mentor idéologique : "Vous enlevez celui-là et son petit frère, Mohamed Merah, n'existe pas. Il existe peut-être comme un délinquant, mais certainement pas comme un salafiste et comme un assassin", assure-t-il. "Ce procès ploie sous les preuves !", insiste ainsi l'avocat, qui rappelle que les experts ont mis au jour une documentation informatique incriminante, et que l'accusé aurait tenté d’effacer. "Nous avons beaucoup plus de preuves quand dans la plupart des dossiers d'association de malfaiteurs terroristes, et nous avons beaucoup plus de preuves que dans un dossier ordinaire de criminalité par instigation. La légende du dossier sans preuve est une rumeur qui ne tient pas à l'examen du dossier et qui ne tient pas après cinq semaines d'audience", martèle Patrick Klugman.

Une société capable de répondre démocratiquement à la terreur. "Si vous condamnez Abdelkader Merah, vous aurez jugé sans doute mais vous n'aurez pas rendu justice. Justice sera morte ou gravement blessée", a estimé lors de sa plaidoirie mercredi Éric Dupont-Moretti, avocat de l'accusé. "Si Abdelkader Merah est condamné, c'est une victoire judiciaire", lui répond Patrick Klugman au micro d'Europe 1. "Ça voudra dire que nous avons réussi à répondre judiciairement, dans le cadre d'un procès libre et démocratique, à la terreur. Ça veut dire que notre édifice est complet, qu'il est serein ; vous avez de la protection, des opérations militaires, à Raqqa, et en France des magistrats capables d'interroger selon les règles communes, de juger et de condamner selon les règles communes. Cela voudra dire que la société française est démocratique et armée contre la terreur", conclut-il.

>>> Retrouvez ci-dessous l'intégralité de l'interview de Patrick Klugman par Maxime Switek :