Certains gardent le souvenir ému de L'Auberge espagnole, d'autres vantent une "réussite européenne" : Erasmus, le programme qui a permis à plus de 5 millions de personnes de partir étudier à l'étranger, fête lundi ses 30 ans, dans une Union européenne en plein doute.
33 pays participants, 3,3 millions d'étudiants. C'est le 15 juin 1987 que voit le jour ce programme, baptisé en mémoire d'Erasme, l'un des grands humanistes de la Renaissance. À l'origine, il permettait aux seuls étudiants de partir suivre une année de cursus à l'étranger. Mais il n'a cessé de s'étendre, passant de 11 pays inscrits au départ à 33 pays participants. Désormais nommé Erasmus+, il a aussi gagné élèves du primaire et du secondaire, des lycées professionnels, demandeurs d'emplois, etc. Au total, sur les 5 millions de personnes bénéficiaires, 3,3 millions d'étudiants ont pu vivre l'aventure, qui sera célébrée lundi à l'Odéon-Théâtre de l'Europe à Paris, en présence de membres du gouvernement. L'anniversaire sera aussi fêté le 26 janvier à Bruxelles, avant d'autres événements au long de l'année.
Des bébés Erasmus. Une étude publiée en 2014 estimait d'ailleurs que, depuis le lancement d'Erasmus, plus d'un million de bébés sont nés de couples formés lors de ces séjours d'étude. Pour les responsables d'Erasmus+, qui viennent de dresser le bilan des 30 ans du programme, la construction d'"une citoyenneté européenne" et d'"une Union européenne plus équitable, plus inclusive et durable" est en marche. "Le succès est indéniable", abonde Jean-Luc Nahel, chargé des relations internationales à la Conférence des présidents d'universités (CPU) françaises.
L'impact du Brexit. Quel avenir pour ce programme plébiscité, alors que l'Union européenne n'a jamais autant douté d'elle-même ? Les partenaires européens sont "en ce moment même en train de renégocier le futur programme Erasmus+ et regardent de plus près quelle est la volonté politique pour après", souligne le porte-parole d'Erasmus+, Lucas Chevalier. Si l'enjeu incontournable, selon lui, est celui des "moyens alloués pour répondre à la demande croissante", dans un contexte de fortes contraintes budgétaires, le programme est ébranlé par le vote britannique de l'an dernier sur le Brexit. Se voulant rassurant, le ministre britannique des Universités, Jo Johnson, a annoncé en octobre que les règles allaient rester inchangées pour les étudiants de l'UE pour la rentrée 2017-2018, notamment en ce qui concerne les frais d'inscription, et "ce pour l'intégralité de leur cursus".