Invité lundi au micro de Wendy Bouchard, dans le Tour de la question sur Europe 1, l'architecte et historien Bertrand Lemoine a critiqué le projet de loi encadrant la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris présenté lundi au Sénat.
Le Sénat examine lundi en première lecture, après l'Assemblée nationale, le texte encadrant la restauration de Notre-Dame présenté par le gouvernement comme une réponse pour tenir "le défi" lancé par Emmanuel Macron de reconstruire en cinq ans l'édifice emblématique, dont charpente et flèche ont été détruites dans un incendie le 15 avril. "Sous le coup de l'émotion, le pouvoir politique a annoncé un délai de 5 ans, un concours international d'architecture pour la flèche, c'est aller un peu vite en besogne", estime lundi l'architecte et historien Bertrand Lemoine invité au micro de Wendy Bouchard, dans le Tour de la question sur Europe 1.
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L'architecte fustige notamment un article du projet de loi qui a d'ores et déjà été supprimé par les sénateurs mais qui avait été validé par l'Assemblée lors de son examen en mai. Il pourrait, de fait, être rétabli lors d'un deuxième passage devant les députés. Cet article controversé habilite le gouvernement, pour faciliter les travaux de restauration, à déroger si nécessaire aux règles d'urbanisme, d'environnement, de construction, de préservation du patrimoine ou encore de commande publique. "Faire une loi d'exception pour ce monument, c'est dire que notre arsenal juridique, réglementaire, normatif ne serait pas adapté pour aller vite", souligne l'architecte. "S'il n'est pas adapté, il faut le changer parce que l'ensemble des monuments de France sont concernés".
"Le cadre réglementaire existant est tout à fait adapté"
"Or le cadre réglementaire existant est tout à fait adapté à un chantier comme Notre-Dame. En France, on a une expertise technique, intellectuelle, architecturale, extrêmement forte en matière de monuments de toutes époques et c'est justement le travail des experts, des historiens, des architectes qu'il faut pouvoir respecter, faciliter", poursuit-il ajoutant que grâce aux dons nombreux des particuliers, des entreprises et des collectivités, la recherche de financement, qui peut souvent retarder un chantier, n'est plus un problème. "Je crois qu'on a tous les outils qu'il faut pour restaurer Notre-Dame de manière très efficace et rapide dans certains aspects, plus lent pour d'autres".
Selon Bertrand Lemoine, l'essentiel est de ne pas se précipiter pour reconstruire et de prendre le temps de l'expertise : "Ce temps sera long, au moins un an pour sonder, ausculter, notamment les maçonneries. Il faut ensuite couvrir la charpente et plusieurs options sont possibles. Et puis il y a la flèche, prenons le temps aussi d'y réfléchir", insiste-t-il. "Hâtons nous, mais hâtons nous lentement."