Le rappeur Rohff a été condamné vendredi à Paris à cinq ans de prison pour avoir violemment agressé, en groupe, deux vendeurs de la boutique parisienne Ünkut de son rival Booba en avril 2014.
Pas d'incarcération immédiate. Le tribunal a dénoncé des faits "d'une particulière gravité", une "action collective préméditée d'une grande violence, sans autre mobile établi qu'une démonstration de force" dans le cadre d'une "rivalité" entre rappeurs. Rohff, qui a déjà passé deux mois en prison et plusieurs mois sous bracelet électronique dans cette affaire, n'a toutefois pas été écroué immédiatement à l'issue de l'audience. Il est sorti sans s'exprimer devant la presse.
Un éventuel appel ? "On a dix jours pour faire appel ou aménager la peine, on va prendre le délai de réflexion", a affirmé son avocate, Me Malika Ibazatene. Comme on lui demandait si la peine du rappeur était réellement aménageable, ce qui lui permettrait de ne pas retourner derrière les barreaux, elle a souligné qu'il avait "fait beaucoup de bracelet électronique", sans plus de précisions.
Des faits très violents. Le 21 avril 2014, Rohff était entré accompagné de plusieurs hommes dans le magasin Ünkut, boutique "officielle" de la marque de vêtements fondée par le rappeur Booba, située dans le quartier parisien de Châtelet. Dans un bref déchaînement de violence dont les images, captées par des caméras de vidéosurveillance, avaient été diffusées à l'audience, le groupe avait roué de coups un jeune vendeur en l'abandonnant dans un état critique, avait assommé un autre employé avec une caisse enregistreuse et détérioré la boutique.
Le garde du corps relaxé. Le tribunal est allé au-delà de la peine de quatre ans demandée par le procureur. Pour les magistrats, le groupe qui accompagnait Rohff semblait sur les images de vidéosurveillance plutôt composé d'hommes âgés d'une trentaine d'années et "pas excités", une vidéo en contradiction avec la version du rappeur, qui assure avoir été suivi dans la boutique par de jeunes fans qui l'avaient reconnu dans la rue. Les explications du rappeur "n'ont eu de cesse de changer", a asséné l'une des juges lors de la lecture du jugement, aussi bien sur le motif de sa présence dans la boutique que sur ses intentions ou l'élément déclencheur des violences.
Les deux vendeurs, âgés alors de 19 ans, souffrent aujourd'hui encore d'importantes séquelles psychologiques. Une audience civile se tiendra ultérieurement s'agissant de leurs demandes de réparations. Vendredi, le tribunal a en revanche relaxé le garde du corps "officieux" de Rohff de l'époque, faute d'éléments prouvant son implication.