Le Bordeaux pourrait-il changer de goût ? La question se pose en ce moment même et pour cause, la hausse des températures enregistrée et attendue dans les années à venir en Aquitaine peut mécaniquement faire augmenter le degré d'alcool des bouteilles. Des études sur l'impact de ce changement sur les caractéristiques du vin sont donc menées.
Des teneurs en alcool plus importantes. "C'est vrai que l'on peut obtenir des vins qui aient des teneurs en alcool plus élevées, avec une composition en polyphénol plus élevée, c'est-à-dire avec une couleur, une structure plus marquée. Progressivement, le goût peut évoluer, mais en restant dans les mêmes gammes. On reconnaîtra toujours bien du Bordeaux, au moins pour les prochaines décennies", explique Nathalie Ollat, ingénieure à l'INRA Aquitaine.
Changement de méthode. Confrontés à ce réchauffement, les vignerons vont tout de même devoir travailler différemment. "La façon dont on réalise l'effeuillage, quelques fois il est fait très précocement, il est fait plutôt au couchant, là on le fera plutôt uniquement levant pour faire en sorte que les raisins ne soient pas trop exposés au soleil", détaille le professeur Philippe Darriet, directeur de l'unité de recherche œnologie à l'institut des sciences de la vigne et du vin. "Dans la culture du sol, lorsque l'on fait l'enherbement cela crée aussi une carence en eau", et il faudra donc peut-être modifier certaines pratiques, poursuit-il.
D'ici-là, les vignerons réfléchissent à introduire de nouveaux cépages, moins sensibles à la hausse des températures. Parmi les pistes, planter plus de cabernet sauvignon, que de merlot par exemple.