Prendre l'avion pour aller nulle part, c'est la dernière mode, mais c'est surtout la dernière aberration écologique. Vous avez peut être entendu parler de cette nouvelle offre touristique complètement dingue : des compagnies qui proposent de décoller et d'atterrir au même endroit, en gros d'aller nulle part en profitant d'un vol durant lequel, collé tout contre le hublot, le "touriste" va effectuer une boucle aérienne lui permettant de visiter une contrée vue du ciel. Bornéo, la grande barrière de corail, le site aborigène d'Uluru... mais de ne jamais s'y arrêter.
Conséquence de la pandémie
Plusieurs compagnies aériennes, essentiellement asiatiques et australiennes, proposent ces vols à destination "Nowhere". Une expérience qui se vit un peu comme une attraction où le pilote va commenter le paysage et où les pop corn et les crèmes glacées sont proposés tout au long du trajet.
Bien sûr, cette nouvelle formule serait la conséquence de la pandémie Covid-19. Le secteur aérien mis à mal pendant le confinement a trouvé le moyen de capter une frange de la population en manque d'avions. Une aubaine économique pour les compagnies qui ont souffert de l'arrêt quasi total de leurs activités.
Et il semblerait que cette folie écologique ne soit pas prête de s'arrêter, car ça marche. La compagnie aérienne Qantas, par exemple, a vendu en à peine 10 minutes les 130 billets allant de 500 à 2.300 euros pour une simple petite virée dans les airs.
Le "cortex cingulaire" mis à mal
Un non-sens, qui confirmerait les travaux de Sébastien Bolher, docteur en neurosciences et auteur d'un ouvrage intitulé "Où est le sens". Ses dernières recherches sur le fonctionnement de notre cortex ont mis en évidence un petit élément situé entre les deux hémisphères de notre cerveau et que l'on appelle le cortex cingulaire. Celui-ci serait en recherche perpétuelle de sens, de repères, d'ordre. Mais dans une époque de perte de repères, il agirait plutôt comme un bouclier de protection qui nous aiderait à ne pas penser à la crise environnementale, voire à la nier pour ne pas entrer dans un état de panique.
Cette négation ou minimisation du changement climatique nous pousserait à surconsommer et à meubler nos existences par des distractions aussi éhontées que celle de prendre l'avion pour aller nulle part. Un mécanisme autodestructeur qui permet certes de se sentir au-dessus des menaces qui planent sur l'humanité, mais qui va accélérer le crash final en émettant toujours plus de CO2. Selon ce chercheur, il est urgent de stopper la machine à consommer qu'est devenue l'humanité et de donner du sens à nos actes, faute de quoi la destination que nous prenons collectivement nous mènera irrémédiablement vers un atterrissage douloureux.