La nouvelle a choqué bon nombre de personnes féministes : visé par une plainte pour viol sur des faits qui remontent à 2009, Gérald Darmanin a été nommé lundi ministre de l'Intérieur du gouvernement de Jean Castex. Si l'Élysée a indiqué que cette plainte n'avait pas été un "obstacle" à sa nomination, des militantes féministes ont manifesté leur opposition, mardi soir, devant les locaux du ministère. Sur Europe 1, le secrétaire général du syndicat des commissaires de police, David Le Bars, a défendu la "présomption d'innocence" dont bénéficiait le ministre.
"Depuis quelques mois, on est dans une période où de nombreuses minorités contestent les choses", explique David Le Bars. "Je fais toujours référence à l'État de droit. Quand on est poursuivi dans une enquête, on est toujours présumé innocent. Ce n'est pas parce que quelqu'un porte plainte contre une autre personne qu'il y a de la culpabilité." Après un non-lieu dans cette affaire, les investigations ont repris le mois dernier.
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Un choix "gênant" ?
Depuis lundi, cette nomination a fait couler beaucoup d'encre. Peut-elle fragiliser politiquement le ministre, qui occupait jusqu'à présent le ministère des Comptes publics, moins exposé au quotidien que celui de l'Intérieur ? "Ça peut être gênant, mais si ce choix a été fait, il faut considérer que c'est le choix du président de la République et du Premier ministre", répond David Le Bars.
"S'il a des ennuis avec la justice, c'est quelqu'un de suffisament mûr pour prendre des décisions qu'il faudra prendre", anticipe le syndicaliste à propos de cette affaire. "Je n'aime pas les syndicats qui donnent des cartons jaunes par principe à des ministres."
Darmanin attendu de pied ferme par les policiers
Alors que Christophe Castaner avait été durement critiqué ces dernières semaines par les policiers, "Gérald Darmanin arrive dans une période post-grogne", souligne le syndicaliste. "Il ne peut pas se permettre de parler de l'émotion qui supplante le droit, une des erreurs de Castaner" en plein mouvement de contestation des violences policières.
Le syndicat des commissaires de police va rencontrer le nouveau ministre jeudi. "On va l'accueillir sur les fonctions sur lesquelles on l'attend", assure David Le Bars, qui espère que l'ancien locataire de Bercy va répondre à "l'urgence" dans laquelle le ministère est "plongé depuis de nombreux mois".