Le trafic de déchets (presque) aussi lucratif que le trafic de cannabis

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William Molinié, édité par Laura Laplaud

La gendarmerie a mis un terme à un trafic titanesque de déchets. 26.000 tonnes de déchets auraient été exportées vers l’Espagne entre octobre 2020 et février 2021, d’autres stockées dans des hangars ou enfouis sous terre dans le Sud-Est de la France. Les départements du Gard, des Bouches-du-Rhône, de la Drôme et du Vaucluse sont concernés. 

Grâce à un rapport bénéfice-risque favorable, la criminalité organisée voit dans les trafics de déchets une aubaine financière. La gendarmerie a mis un terme à un trafic de déchets titanesque : 26.000 tonnes de déchets auraient été exportées vers l’Espagne entre octobre 2020 et février 2021, d’autres stockées dans des hangars ou enfouies sous terre dans le sud-est de la France. Les départements du Gard, des Bouches-du-Rhône, de la Drôme et du Vaucluse sont concernés.

Une figure historique du banditisme régional

Cinq suspects ont été mis en examen mercredi. Parmi eux, une figure historique du banditisme régional, surnommé le "Roi de la poubelle". Une nouvelle enquête qui montre que la criminalité organisée investit de plus en plus le champ des trafics de déchets.

Selon les chiffres de l’OCLAESP, l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique, le nombre d’infractions en France liées aux déchets a bondi de 85% entre 2017 et 2021. D’abord parce que les gendarmes y sont plus sensibles, que c’est devenu une priorité de leur action mais aussi parce que les trafics sont très lucratifs.

Seulement 7 ans de prison

"Le revenu généré par les trafics liés aux déchets s’élève à 10 milliards d’euros environ. Ce qui peut être mis en comparaison avec le trafic de cannabis, au sein de l’Union européenne également, qui lui est évalué à 12 milliards d’euros", détaille au micro d’Europe 1 le général Sylvain Noyau, chef de l’OCLAESP.

Les entreprises véreuses suivent un scénario type bien rôdé. "Ce sont des sociétés qui se présentent auprès de producteurs de déchets comme étant en mesure de récupérer leurs déchets, de les transporter puis de les traiter", poursuit le général Noyau. "Et qui au lieu de ça, souvent les abandonne dans la nature." Parfois, certaines sociétés vont jusqu’à revendre les déchets à des particuliers ou à des agriculteurs qui ont besoin de terre. En réalité, ils déversent des déchets puis les recouvrent de quelques centimètres de terre, jouant ainsi sur deux tableaux financiers.

Il y aurait en France 36.000 décharges sauvages . Autant de déchets que de communes. Le bénéfice-risque pour les délinquants est en leur faveur, car quand le trafic de stupéfiants en bande organisée est puni jusqu’à de 30 ans de prison, il ne l’est que de 7 ans pour les trafics de déchets en bande organisée.