La rentrée scolaire est marquée par un appel à la grève des enseignants, qui remettent en cause le collège unique. Mais au-delà de cette réforme, certains syndicats redoutent la surenchère de la campagne présidentielle en matière d’éducation.
Des propositions tous azimuts. Vous avez aimé la réforme des rythmes scolaires ? Et bien je vous annonce le retour à la semaine des quatre jours, dès la rentrée 2017, si Nicolas Sarkozy est élu. Un nouveau chambardement pour les profs, pour les élèves et pour les parents. Et si ce n’est pas Nicolas Sarkozy qui l’emporte, il y aura de toute façons une réforme : sur l’autonomie des établissements scolaires si c’est Alain Juppé, sur "le collège diversifié", si c’est Bruno Le Maire, avec des instituteurs et des professeurs de collège polyvalents. François Fillon, lui, promet un vrai choc : la réorganisation du primaire, du collège et du lycée. Même François Hollande, après le primaire et le collège, prévoit de s’attaquer au lycée. Bref, la campagne électorale c’est aussi un vrai concours Lépine en matière d’éducation.
Une quinzaine de réformes. Rappelons que ce qui est en jeu, c’est l’avenir du pays, sa réussite, d’où l’inquiétude des profs. Mais surtout, ce sont les parents qui doivent s’inquiéter. Dans le fameux classement PISA, la France régresse et les inégalités se creusent à l’école. Il est donc logique que l’éducation occupe une large partie du débat électoral. Pourtant, depuis 1975, une quinzaine de réformes de l’enseignement ont vu le jour. Mais pour quel résultat ? Le décrochage de notre système éducatif.
Des changements de cap à chaque alternance. Ce qui est frappant, c’est l’empressement des politiques à défaire ce que les pouvoirs précédents ont mis en place. Prenez les rythmes scolaires : on est passé à la semaine de quatre jours en 2008, pour revenir aux 4,5 jours en 2013. Et certains promettent le retour à 4 jours en 2017. Quel recul avons-nous pour juger du bénéfice d’une réforme et de ses effets en changeant de cap à chaque alternance ?
L'exemple allemand. En 2001, à l’occasion du premier classement PISA sur l’enseignement, l’Allemagne découvre qu’elle est un cancre en Europe. Qu’est-ce qu’elle fait ? Une remise à plat totale et coordonnée du primaire, du collège et du lycée associant les sensibilités politiques et les enseignants. Douze ans plus tard, le pays de Goethe est remonté dans le peloton de tête. Une méthode évaluée sur le moyen-long terme, quand en France nos politiques jouent les apprentis sorciers. Nos enseignants, eux, sont devenus des traumatisés de la réforme et ce sont nos enfants qui trinquent.