Le premier tour des élections législatives aura lieu ce samedi dans les outre-mer, décalage horaire oblige. Mais en Nouvelle-Calédonie, toujours en proie à la violence, le scrutin s'annonce particulièrement délicat. Les écoles, fermées depuis sept semaines, accueilleront malgré tout les bureaux de vote.
"Ce n'est vraiment pas le bon moment." Dans la commune de Païta, il est difficile de trouver des habitants qui osent sortir de chez eux, et donc des assesseurs. Alors Manina, 44 ans, accepte de tenir un bureau de vote à une condition : "J'ai demandé d'être sur le lieu le plus proche, évidemment. Je veux bien participer, être quelqu'un d'engagé, mais là, par contre, je n'irais pas risquer non plus des trop grands trajets entre chez moi et le lieu de vote", assure-t-elle.
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"Spectacle de désolation"
Car Manina a "peur de toujours être bloquée, coincée ou de recevoir un jet de pierre ou quelconque chose sur la route. Et quand on arrive à passer, c'est un spectacle de désolation quotidien. On voit juste des morceaux de cailloux, des morceaux de bois, des morceaux de ferraille, on a des gens sur les bas-côtés en train de changer leur roue...".
Quant au scrutin, la quadragénaire assure qu'elle ira "évidemment voter" : "Je pense que mon choix sera positionné sur celui qui peut potentiellement nous sortir de cette situation qui est tellement surréaliste."
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"Protéger les présidents, les assesseurs, les électeurs"
19 lieux de vote sont réunis dans trois bâtiments de la ville. Une stratégie de crise généralisée, explique Louis Le Franc, haut-commissaire de la Nouvelle-Calédonie interrogé par nos confrères de RRB. "On regroupe les bureaux de vote dans des sites pour mieux les protéger, protéger les présidents, les assesseurs de ces bureaux de vote, protéger aussi les électeurs...", explique-t-il. "Maintenant, il y a toujours ceux qui sont sur les barrages et qui n'entendent pas de cette oreille. Et donc, s'ils ont la mauvaise idée de vouloir s'en prendre à des bureaux de vote, en face, il y aura ce qu'il faut."
Près de 4.000 policiers et militaires, ainsi que le Raid et le GIGN sont déployés sur le territoire où aucun panneau électoral n’a été aperçu. Fait exceptionnel, l’impression et distribution des affiches et pli sont à la charge des candidats sur leurs fonds propres, explique l’un deux. La raison : des agences postales brûlées ou saccagées, et le transport du courrier entravé par les blocages.