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Louise Sallé / Crédit photo : Georges BENDRIHEM / AFP
24 témoignages accusent désormais l'Abbé Pierre de violences sexuelles entre le début des années 1950 et les années 2000. Plusieurs femmes s'étaient déjà plaintes du comportement du religieux après son célèbre appel de 1954, mais ni l'Église, ni le mouvement Emmaüs n'ont réagi.

Que savait réellement l'Église ? Après le séisme des premières révélations, et alors que l'Abbé Pierre est visé par 17 nouveaux témoignages de violences sexuelles entre le début des années 1950 et les années 2000, beaucoup de questions se posent autour de l'absence de réaction de l'Église et d'Emmaüs pendant près de 50 ans. 

C'est d'ailleurs pour cela que le mouvement fondé par le religieux dit vouloir mandater des experts indépendants pour explorer les archives de l'Église et enquêter sur l'histoire du mouvement. Juste après le célèbre appel du 1er février 1954, dans lequel l'Abbé Pierre lance un appel pour aider les sans-abris face au froid, un voyage du prêtre aux États-Unis avait été écourté, car des femmes se sont plaintes de son comportement auprès de cardinaux américains.

"La logique aurait été de demander à l'Abbé Pierre de quitter les ordres"

Un autre séjour, quelques années plus tard au Québec, avait même été surveillé par la police, pour les mêmes raisons. Et dans une lettre révélée par Radio France ce matin, l'archevêque de Paris, en 1958, avait enjoint à un ministre de faire silence sur ce prêtre et de ne pas le décorer. "Si l'archevêque de Paris est allé jusque-là, c'est vraiment qu'il savait des choses. Je pense que c'était assez grave comme raison. Mais bon, l'Église protégeait les siens. La logique aurait été de demander à l'Abbé Pierre de quitter les ordres, mais à l'époque, c'était mal vu. Pour tous les prêtres, c'était comme ça, il valait mieux qu'ils restent prêtres plutôt que partir. 

Et dans une tribune parue dans Le Monde cet été, plusieurs historiens ont affirmé connaître des archives religieuses prouvant que des responsables étaient au courant. Le diocèse de Grenoble, auquel était rattaché ce prêtre, avait d'ailleurs reçu dans les années 2000 la lettre d'une victime. Un courrier publié dans le rapport d'Égaé, le cabinet qui a recueilli le 24 témoignages qui accusent l'Abbé Pierre.