Le grand public ignore son existence, mais les enseignants, eux, sont vite mis au parfum quand ils entrent dans la carrière. Selon Le Parisien de lundi, plus d’un professeur sur deux, environ 461.000, ont souscrit une "offre métiers de l’éducation" auprès de la Maif et des Autonomes de Solidarité laïques (ASL). Un contrat sur mesure, de 34,90 ou 39 euros par an, pour cette profession particulièrement exposée aux agressions, physiques ou surtout morales, qu’elles viennent des élèves ou des parents.
+18,2% en Seine-Saint-Denis en trois ans. Signe que l’évolution du climat dans les établissements scolaires n’est pas à l’amélioration, le nombre de souscription a augmenté ces dernières années. De 2,7% entre 2011 et 2014, mais certains départements sont plus touchés. Ainsi, selon la Maif, citée par le quotidien, l’augmentation est de 18,2% en Seine-Saint-Denis sur la même période.
"Judiciarisation de la société". Pour autant, les enseignants qui en profitent concrètement ne sont pas si nombreux. La Maif et les ASL traitent chaque année 9.000 dossiers environ, soit 2% des assurés. Et si le chiffre est en hausse, ce n’est pas forcément parce que les agressions sont plus nombreuses, mais en raison d’une "tendance de fond, qui est la judiciarisation de la société", explique Jacques Dureux, responsable produits à la Maif, dans Le Parisien. "Avant, on réglait les choses à l’amiable, plus maintenant."
Insultes et harcèlement. Quant aux faits signalés, il relève plus des incivilités. "Les agressions physiques restent rares", affirme Georges Fotinos, chercheur spécialiste de la violence à l’école. "Le plus fréquent, c’est le harcèlement, majoritairement par les parents, qui procèdent à des visites régulières, menacent verbalement ou par écrit de représailles". Et en effet, dans les cas traités par les assureurs, 36% des cas sont constitués par des insultes ou des menaces, 32% de diffamations.
"Un soutien obligatoire". Concrètement, le contrat d’assurance spécial profs prévoit un accompagnement juridique, avec des conseils et la prise en charge des frais de justice éventuels, mais aussi un soutien psychologique et une protection liée aux dommages corporels. Surtout, il permet aux enseignants de travailler plus sereinement. "C’est un soutien obligatoire, même si on espère ne jamais s’en servir", explique une jeune enseignante dans Le Parisien. "On peut vite se retrouver bien seul face à un élève ou un parent ingérable."