Les avocats de Geneviève Legay insistent pour une enquête sur toute la chaîne de commandement

Geneviève Legay tenait une conférence de presse lundi dans la cour de l'unité de convalescence du CHU de Nice, où elle se remet de multiples fractures au crâne. © Frédéric Michel/EUROPE 1
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avec AFP , modifié à

Après le rejet d'une première plainte, les avocats de Geneviève Legay vont redéposer une nouvelle plainte, visant cette fois-ci "l'ensemble de ceux qui ont pu donner des ordres". 

Les avocats de Geneviève Legay, une manifestante blessée par une charge de police le 23 mars à Nice, ont annoncé lundi qu'ils allaient redéposer une plainte visant le préfet et toute la chaîne de commandement ce jour-là, après le rejet d'une première plainte similaire par le parquet. "Nous allons redéposer des plaintes au nom de Geneviève Legay visant l'ensemble de ceux qui ont pu donner des ordres. Ce n'est pas parce qu'on participe à un rassemblement interdit qu'on doit être chargé", a déclaré Me Arié Alimi lors d'une conférence de presse dans la cour de l'unité de convalescence du CHU de Nice où Geneviève Legay se remet de multiples fractures au crâne. 

Pour un dépaysement de l'affaire 

Geneviève Legay, militante d'Attac âgée de 73 ans, a eu plusieurs côtes cassées et des fractures au crâne, lors d'une charge de policiers pour disperser une manifestation interdite de "gilets jaunes" à Nice le 23 mars. Deux juges d'instruction niçois ont été désignés mais le parquet a circonscrit l'information judiciaire au seul policier qui a poussé Geneviève Legay durant la charge. La première plainte des filles de Geneviève Legay visant le préfet et l'ensemble de la police pour "violences volontaires en réunion" ainsi que leur plainte pour "subornation de témoins" - la militante assurant que des policiers ont insisté pour qu'elle dise qu'un caméraman l'avait bousculée - ont été rejetées.

"Qui était dans la salle de contrôle au moment où l'ordre (de disperser les manifestants) a été donné ?", a interrogé Me Alimi, reprochant une nouvelle fois au procureur de la République de Nice Jean-Michel Prêtre de ne pas avoir immédiatement saisi la police des polices (IGPN) mais privilégié une enquête confiée à la directrice départementale de la sécurité publique, qui est aussi la compagne du commissaire commandant sur le terrain durant la manifestation. Me Alimi a déposé une demande de dépaysement du dossier, sur laquelle doit se prononcer la cour de Cassation. Le ministère de la Justice avait par ailleurs annoncé le 13 avril avoir demandé au procureur général d'Aix-en-Provence de convoquer le procureur de Nice pour qu'il s'explique "notamment sur l'affaire Geneviève Legay".

"Déterminée à revenir sur le terrain" 

"Depuis, on n'a pas de nouvelles du ministère de la Justice. Deuxièmement, on attend des nouvelles de la demande de dépaysement", a regretté Me Alimi lundi, évoquant "une sorte de conflit d'intérêt, une forme de consanguinité terrifiante tant dans l'univers administratif que l'univers judiciaire à Nice". "Je suis une citoyenne de base et je le resterai, je ne veux pas une place de leader", a de son côté déclaré Geneviève Legay, en fauteuil roulant dans la cour de l'hôpital, fustigeant le "refus d'entendre les gilets jaunes" d'Emmanuel Macron

"C'est grave, on change de société", a-t-elle poursuivi, assurant être "déterminée à revenir sur le terrain" et se disant galvanisée par les nombreux soutiens qu'elle a reçus - "plus de 1.000 cartes de solidarité", de France, de Suisse, de Belgique ou d'Espagne et 12.000 euros de dons pour couvrir ses frais de justice collectés par Attac.