Haro sur les cabines de bronzage artificiel. Dans un avis rendu mercredi, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a demandé "aux pouvoirs publics de prendre toute mesure de nature à faire cesser l'exposition de la population aux UV artificiels" devant le risque de cancer "avéré".
Le risque explose dès la première utilisation. Le rapport de l'Anses montre qu'en allant ne serait-ce qu'une seule fois dans une cabine de bronzage avant 35 ans, on augmente déjà de 60% son risque de développer un cancer de la peau. En France, 43% des cas de mélanomes - des cancers parmi les plus agressifs - qui touchent les jeunes, peuvent être directement attribués aux séances de bronzage artificiel avant l'âge de 30 ans. Par ailleurs, "on sait aujourd'hui que le vieillissement de la peau est quatre fois plus rapide avec des séances d'UV artificiels qu'avec le soleil", alerte Olivier Merckel, responsable de l'unité d'évaluation des risques physiques à l'Anses, au micro d'Europe 1.
Selon un calcul récent publié par l'Agence, en France en 2015, chez les adultes de plus de 30 ans, 10.340 cas de mélanomes pouvaient être attribués à l'exposition solaire et 382 cas de mélanomes à l'exposition aux appareils de bronzage (1,5% des cas de mélanomes chez les hommes et 4,6% chez les femmes).
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Des informations mensongères sur les bienfaits des UV. Il faut aussi prendre garde aux idées reçues sur ces cabines : non, elles ne font pas réellement bronzer, et ne préparent pas la peau avant de partir en vacances au soleil, comme il est régulièrement affiché sur la vitrines des enseignes de bronzage. "Les séances d'UV en cabines ne font que colorer la peau. La peau n'est pas épaissie comme dans un bronzage classique. Cela ne protège pas des coups de soleil", assure le spécialiste. L'Anses révèle aussi dans son rapport qu'"aucune valeur limite d'irradiance ou de dose ne peut être fixée pour protéger les utilisateurs". En clair, il n'y a "absolument aucun avantage" à la pratique des séances d'ultra-violets en cabine, martèle Olivier Merckel sur notre antenne.
Une réglementation "insuffisante" aujourd'hui. Face à ces risques, les experts préconisent de fermer ces centres de bronzage, qui font encourir un risque grave aux personnes qui s'y rendent, même très rarement. "En 2012 déjà, on avait recommandé la cessation de toute activité commerciale liée à la pratique du bronzage en cabine", rappelle le responsable de l'Anses. La réglementation, datant de 1997, avait été révisée en 2013, "mais elle est insuffisante pour éliminer le risque de cancer de la peau", souligne-t-il. Il alerte également sur le fait que "malgré l'interdiction de l'accès aux cabines de bronzage pour les mineurs, il y a encore des moins de 18 ans qui le pratiquent."
Un secteur déjà en crise. Si le gouvernement tient compte de l'avis de l'Anses et fermait ces instituts qui ont pignon sur rue, une question économique se pose. En France, le marché du bronzage représente actuellement 11.000 emplois directs et indirects, selon son principal syndicat. Mais la fréquentation est en baisse depuis plusieurs années. Il y a quatre ans seulement, on comptait 9.000 emplois de plus qu'aujourd'hui. "L'activité a été divisée par deux depuis 2009 et la polémique sur les risques des UV", note le Syndicat national des professionnels du bronzage en cabine. On compterait aujourd'hui 4.500 établissements en France dont 300 centres de bronzage spécialisés, les autres le proposant en activité secondaire.
Dans le monde, plusieurs pays ont déjà interdit les cabines de bronzage. C'est notamment le cas de l'Australie et du Brésil.