Les syndicats qui réclament le retrait de la loi Travail l'ont annoncé : parallèlement aux deux journées de mobilisation interprofessionnelle prévues mardi et jeudi prochains, les 17 et 19 mai, des secteurs précis vont faire parler d'eux dans les jours qui viennent. C'est le cas, en particulier, des salariés du transport routier de marchandises. Les fédérations CGT et FO du transport annoncent, en effet, une grève des chauffeurs routiers à partir de lundi soir prochain, le 16 mai, pour obtenir le retrait du projet de loi.
Le premier secteur impacté. Selon les deux syndicats CGT et FO, le transport routier est le secteur qui va démontrer très vite les ravages de l'article 2 de la loi El Khomri, l'article qui donne la primauté aux accords d'entreprise. Et l'exemple retenu par les syndicats est celui de la majoration des heures supplémentaires. Aujourd'hui, l'accord signé au niveau de la branche du transport routier interdit, en effet, aux entreprises de négocier des heures supplémentaires majorées de seulement 10% pour leurs chauffeurs et, elles sont tenues d'appliquer les taux normaux, de 25% voire même de 50% à partir de la 43ème heure. Mais avec la loi Travail, le verrou sautera. Les entreprises vont pouvoir négocier des accords ramenant la majoration à 10%.
100 euros de moins par mois. Les syndicats ont fait le calcul. Selon eux, un chauffeur longue distance qui roule en moyenne 200 heures par mois perdra un peu plus de 100 euros sur sa feuille de paye à la fin du mois. Pour le chef de file de la CGT Transports, Jérôme Vérité, ce n'est donc pas de la politique fiction, car les entreprises du secteur sont confrontées depuis des années au dumping social en Europe. Selon lui, dès que les entreprises en auront la possibilité, elles se précipiteront sur cette souplesse offerte par la loi Travail.
"La loi El Khomri créé du dumping social". "A partir du moment où plusieurs entreprises seront rentrées dans ce jeu-là, cela va toucher l’ensemble du secteur, puisque cela est l’un des aspects de la concurrence. La loi El Khomri créé un dumping social qui est complètement aberrant", s'est-il ainsi exprimé, inquiet, au micro d'Europe 1. Il y a tout de même un garde-fou. En effet, pour baisser le taux des heures supplémentaires à 10%, les entreprises devront préalablement obtenir un accord majoritaire des syndicats. Seul hic, la CGT craint que dans les petites entreprises, où il n'y a pas de syndicats, le patron aura vite fait de trouver des négociateurs sensibles à ses arguments.