Jeudi, dans "Sans rendez-vous", sur Europe 1, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc nous parle du faux-ami qu’est l’alcool dans la cadre d’un rapport sexuel.
Serais-je à la hauteur ? Et si je n’y arrivais pas ? Au seuil d’un rapport sexuel, de nombreuses angoisses peuvent venir nous paralyser. Certains pourront alors être tentés d’avoir recours à un petit stimulant, en l’occurrence avaler un verre de vin, ou un alcool plus fort, pour faire tomber leurs inhibitions. Jeudi, dans Sans rendez-vous, l'émission santé d'Europe 1, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc explique pourquoi alcool et sexualité ne font jamais bon ménage.
La question de Laurène 29 ans
"Ma gynécologue m’a conseillée de prendre un petit verre pour me détendre et être plus à même de répondre aux besoins de mon mari. Qu’en pensez-vous ?"
Les conseils de Catherine Blanc, psychanalyste
"Quelle drôle de vision que celle d’un sexe féminin qui serait en devoir de sexualité, et qui, s’il est réfractaire, non lubrifié, douloureux, devrait absolument se détendre pour répondre au besoin masculin !
Boire un petit verre, pas nécessairement de vin, mais peut-être aussi une tisane, de camomille ou de lavande par exemple, peut être un rituel. Cela étant, à aucun moment il ne s'agit d’une ordonnance. À aucun moment non plus, il faut penser qu’il faille vaincre les défenses naturelles d’un individu.
De quelle manière apprendre à se détendre si la sexualité est un sujet d’angoisse ?
Si une femme a des difficultés à se détendre, la question qui se pose est davantage celle des tensions qui peuvent exister avec son conjoint.
Il faut comprendre pourquoi elle est tendue : est-elle tendue dans sa relation amoureuse, dans sa vie personnelle, familiale, professionnelle ? Auquel cas, il faut apprendre à compartimenter les choses. On ne peut pas nécessairement être en fonction sexuelle après avoir été en fonction professionnelle ou maternelle. Mais boire un 'petit coup' pour se donner du courage est un glissement, un déni de soi, qui oriente vers l’alcoolisme.
Que dire à ceux qui ne peuvent pas envisager la sexualité sans consommation d’alcool ou de drogues ?
Avoir des rapports sexuels sous l’emprise de la drogue ou de l’alcool, comme s’il s’agissait d’un mode normal de consommation du sexe, est souvent un moyen de ne pas assumer ce que l’on s’apprête à faire. C’est une manière de pouvoir dire : "J’étais pété, bourré". Et ainsi de ne pas se sentir responsable de ce que l’on s’apprête à montrer de soi, de son désir, de son excitation.
En général ce sont les femmes qui n’assument pas ce qu’elles vont faire. Mais un jeune homme peut aussi avoir peur ; pénétrer une femme n’est pas banal. Il faut se sentir en capacité. On peut avoir besoin de faire tomber ses inhibitions, et souvent l’alcool et la drogue sont les meilleures propositions que se donne la jeunesse.
En vérité, cela entraîne chez les jeunes hommes qui ont tendance à jouir tôt une éjaculation précoce encore plus rapide. Pour ceux qui, au contraire, peinent à éjaculer, ils n’y arrivent plus du tout. Enfin, avec certain type d’alcool, les femmes peuvent se retrouver en sécheresse vaginale.
Prendre une habitude, c’est en faire une addiction. Prenons du plaisir à goûter de bons vins, à boire certains alcools, mais pour autant faisons attention, car ça n’est physiologiquement pas souhaitable !"