Depuis le 8 mars, tous les logements doivent obligatoirement être équipés d’un détecteur avertisseur autonome de fumée (DAAF), selon le terme employé par la loi. Paradoxalement, ces petits appareils ne font pas toujours le bonheur des pompiers. Dans une quinzaine de départements, les hommes du feu s’alarment parce qu’ils croulent sous les fausses alertes. Le nombre de ces appels a ainsi triplé dans le Rhône ou dans le Calvados.
"Un problème pour la disponibilité de nos moyens". Et la cause la plus fréquente provient d’une simple question d'entretien : le détecteur sonne parce qu'il n'a plus de piles, et personne n’est là pour l’éteindre. Alerté, les voisins finissent par donner l'alerte, et les pompiers doivent employer les grands moyens. "On envoie un véhicule de lutte contre l’incendie et un équipage de 6 hommes, puisqu’on ne sait pas à quelle situation on sera confronté à l’arrivée", explique le capitaine Romain Pasqualotti, qui dirige les opérations dans le Calvados. "C’est un problème pour la disponibilité de nos moyens. Le personnel qui est dans l’engin, on sait bien qu’on ne pourra pas l’engager sur du secours d’urgence aux personnes, on ne pourra pas l’engager sur d’autres incendies". Chaque déploiement inutile équivaut à 300 euros d'argent public gaspillé.
"Des piles qui vont s’affaiblir". Et le nombre de fausses alertes pourrait encore s'envoler lors des fêtes de fin d'année. "Ça fait pratiquement un an maintenant que les détecteurs sont dans les rayons, donc ils vont avoir des piles qui vont s’affaiblir", s’inquiète Ingrid Graindorge, de la communication des pompiers de Caen. "Donc c’est important de prévenir les gens qu’il faut les changer. D’autant qu’on va rentrer dans une période de congés, et que certaines personnes vont s’absenter pendant plusieurs jours. Et là pour le coup, on peut comprendre que le voisin s’inquiète et prenne la décision de composer le 18."
Les pompiers rappellent quand même le rôle crucial des détecteurs quand ils sont bien entretenus. Au Québec, en dix ans, ils ont permis de réduire de deux tiers le nombre de morts dans les incendies.