S’estimant lâchés par Emmanuel Macron, nombre de policiers sont actuellement en colère ou plongés dans un profond désarroi. C’est en tout cas le cas de ce fonctionnaire rencontré par Europe 1. "Un jour, on va baisser les bras", prévient-il en rappelant la violence extrême à laquelle lui et ses collègues peuvent être confrontés.
Ce n’est pas pour rien si Emmanuel Macron a annoncé, mardi, la tenue d’un Beauvau de la sécurité, censé améliorer les conditions d’exercice des policiers et réformer une institution au cœur de la polémique actuellement. Car le président de la République espère mettre fin à une crise profonde, entre la population et sa police, mais aussi au sein même des effectifs de police. Beaucoup lui tiennent rigueur de ses propos sur les contrôles au faciès et les violences policières tenues sur Brut vendredi dernier. Certains syndicats appellent même à stopper les contrôles et les troupes sont démobilisées, à l’image de Seb (le prénom a été modifié), rencontré par Europe 1.
"On interpelle des gens pour des faits, pas pour des couleurs"
Ce policier avait le feu sacré quand il est rentré dans le métier, voilà 15 ans. Désormais, il n’a jamais été aussi mal dans sa peau de flic. "Il n’y a pas un flic qui se lève le matin en se disant : ‘je vais me faire que des noirs aujourd’hui ’, ou ‘je vais me faire aujourd’hui que des personnes nord-africaines’. Nous, au quotidien, on interpelle des gens pour des faits, pas pour des couleurs. Je ne comprends pas comment M. le président a pu en arriver çà cette conclusion", s’insurge le fonctionnaire.
Résultat, Seb a du mal à mettre du cœur à l’ouvrage. "Un jour, on va baisser les bras, mais totalement. Pourquoi j’irai aujourd’hui faire un contrôle d’identité ? Pour les risques que ça implique, avec en plus les images sur les réseaux sociaux", s’inquiète le policier. " Les flics sont à bout. C’est mon cas."
"On a peur de mourir, à un moment"
Le désarroi est d’autant plus grand que les policiers doivent parfois faire face à des individus de plus en plus violents. "Tout est prétexte à faire notre procès mais personne ne prend notre place, pendant les manifs, face aux Black Bloc, capables du pire", déplore Sébastien. "On part le matin, on embrasse notre femme, et on dit ‘j’espère que ça ira’. On a peur de mourir, à un moment. Les collègues qui ont été brûlés par des cocktail Molotov, ils se sont vus mourir. Je n’ai pas envie d’y passer. Ce n’est pas ça la police. On n’est pas rentrés là-dedans pour faire ça. On est à un niveau de violence aujourd’hui qui est au maximum. "
Et Sébastien, qui se présente comme un défenseur de la démocratie, de conclure : "la violence n’est, fondamentalement, pas de notre côté".