Des surveillants de prison ont bloqué jeudi matin partiellement ou totalement plus d'une quinzaine d'établissements selon l'administration pénitentiaire, réclamant plus de sécurité et de moyens alors que la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, devait recevoir une délégation syndicale.
La prison de Condé toujours bloquée. Déclenchée par l'agression au couteau la semaine dernière de gardiens de la prison de Condé-sur-Sarthe, dans l'Orne, la mobilisation est en recul jeudi par rapport à la veille, où 29 établissements avaient été affectés, selon l'administration pénitentiaire.
L'établissement le plus touché restait pour la neuvième journée consécutive celui de Condé-sur-Sarthe, dont l'entrée était bloquée par une quarantaine d'agents. Selon une source pénitentiaire, les détenus y sont privés de promenade et activités annexes depuis plusieurs jours, souvent nourris de repas froids.
Une agression significative, selon FO. Les autres établissements totalement bloqués dans la matinée étaient ceux d'Aix, Salon, Perpignan, Seysses, Rouen, Béziers, mais des interventions policières y étaient en cours en milieu de matinée pour dégager les entrées. À Perpignan, Frédéric Jenot, du syndicat FO pénitentiaire déplorait que les surveillants soient devenus "des cibles à abattre". L'agression de Condé-sur-Sarthe, le 5 mars, "a montré à toute l'opinion publique que la problématique de la pénitentiaire n'a pas été résolue, à savoir l'insécurité grandissante dans les prisons françaises", a-t-il relevé.
Des questions d'insécurité, de statut et de valorisation du métier. "Il y a aussi une perte d'autorité des agents de l'administration pénitentiaire devant les détenus qui sont de plus en plus virulents", s'est-il inquiété, dénonçant un "manque de personnel" et "de valorisation du métier". Ces questions d'insécurité, de statut et de valorisation doivent être selon lui au centre des discussions avec la ministre de la Justice, qui doit rencontrer les syndicats à la Chancellerie à 9h30, jusqu'à 17h.
"Notre statut n'a pas bougé depuis des décennies. On est les oubliés de la République par rapport à nos collègues de la police ou des douanes", a conclu Frédéric Jenot.